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Tetris : ces (autres) briques qui ont tout changé

Briques à brac

Au commencement de tout monument un tant soit peu moderne, il y a la brique. Qu’elle soit en terre cuite, en grès, en ciment, en plastique ou en caca, la brique est une promesse. Mais seule, elle n’est pas très utile. Tout au plus, et si l’on en croit Brian Flagg (héros malgré lui du génialissime film The Blob), une brique peut faire office de clé improvisée. Seule, la brique se lance en signe de protestation, afin de défier l’autorité… ou entrer chez votre voisin absent et lui piquer sa collection de Star Wars Kenner pour les balancer dans l’acétone. Bref, la durée d’utilité de la brique en solo est brève.

Comme un individu rejoignant un groupe pour former une société, la brique vaut surtout lorsqu’elle est conjuguée au pluriel. Ne cherchez pas pour autant le verbe « bricker »  dans le Beschrelle, seuls les hackers du dimanche en connaissent la définition, confrontés à cette épée de Damoclès au moment de pirater leur console pour ne plus payer leurs jeux. Bricker quelque chose, c’est le rendre inutile… comme une brique au singulier. C’est risquer de flinguer sa machine de façon irrémédiable. Et ça tombe bien qu’on se soit permis cette parenthèse vidéoludique, puisque de jeux vidéo, il en est ici question.

Pour beaucoup de joueurs, tout commence ici

Tetris ou quoi ?

éliminer quatre lignes d’un coup, une sensation orgasmique sans équivalent.

Aucun débat possible : Tetris, c’est l’alpha et l’oméga du jeu vidéo. Qu’on soit fan ou pas du concept, l’ensemble des sensations et valeurs ludiques propres à ce média se ressentent pour quiconque se sera essayé à une partie ou deux. Ou dix. Ou cent. Hautement addictif, Tetris se veut avant tout simple, fédérateur et facile à expérimenter. Ça ne vous rappelle rien ? Ben oui ! Les Lego justement ! Quoi de plus immédiatement abordable que d’imbriquer des… briques de formes variées dans le but d’obtenir un modèle souhaité ? Et c’est là qu’on touche au cœur du sujet, justement. Et au génie.

Dans Tetris, il ne s’agit évidemment pas de construire des vaisseaux de nerd (rien à voir avec leur qualité), des bâtiments chelous, des robots mignons ou des monstres enchaînés. Si le lore tend à démontrer que l’on tente ici de consolider une rampe de lancement pour navette spatiale, pour le joueur, le but est simple : manipuler des formes définies et les mêler pour former des lignes ininterrompues qui disparaissent dans la foulée, dégageant l’espace de jeu sans cela condamné à se remplir inexorablement. Le challenge étant de composer au mieux avec nos briques pour ne pas laisser trop d’espaces vacants, sous peine de devoir se concentrer sur l’élaboration d’une nouvelle ligne par-dessus celle que nous avons ratée.

Des formes (rng)néreuses…

Évidemment, l’aspect drogue dure de la création d’Alekseï Pajitnov vient du fait que l’ordre d’arrivée des formes proposées, qui tombent du haut de l’écran, est aléatoire. Aucune partie ne ressemble totalement à la précédente et cette mécanique de gameplay toute simple nous force à prévoir nos coups à l’avance mais surtout à nous adapter à l’imprévu. Où vais-je insérer ce bloc en forme de L ? Ira-t-il mieux à cet endroit, collé à ce bloc en forme de T ou bien à côté de cette formation carrée ?

Chaque Tétromino (petit nom donné aux dites formes) se compose toujours de 4 petits carrés, regroupés en 7 patterns simplistes et pivotables à volonté. Le bloc en forme de L trouverait davantage sa place s’il avait la tête en bas ? Hop, on le pivote d’une simple touche pour l’insérer au mieux dans l’interstice disponible. Simple, basique, comme dirait l’autre.

Et c’est tant mieux, puisque plus le joueur accumule les lignes, plus la vitesse où les tétrominos chutent et s’empilent accélère. Si notre mur s’avère finalement aussi troué qu’un gruyère (qui n’est d’ailleurs pas un fromage à trous), c’est l’escalade vers le haut de l’écran, diminuant fatalement le laps de temps disponible pour réfléchir au placement idéal. En cas d’échec, le joueur expérimentera au passage les deux sacro-saints piliers du hit absolu : la fameuse envie, malgré tout, « d’en faire une petite dernière »… couplée au fait de se dire « je peux faire mieux la prochaine fois ». Pas besoin de plus.

Mais ?! C'est bien lui ? Notre héros !

… au service d’une dualité plaisir/frustration

Le revoilà, cette fois sur Game Boy !! Vas-y mon gars !!

Rien, pas même un salaire de ministre, la joie simple de croiser la route d’une Ford Mustang Fastback ou le tiramisu de tata Martine, ne peut rivaliser avec le plaisir d’empiler savamment nos blocs dans l’attente d’un tétromino en forme de ligne droite, qui viendra parfaitement s’accoler sur l’un des côtés de la surface de jeu – volontairement laissé vacant en prévision de son arrivée – afin d’éliminer quatre lignes d’un coup. C’est aussi, au passage, la consécration d’un héros de jeu vidéo discret : la barre droite. Exit Kratos, Nathan Drake, Sonic et même Mario. Ils ne valent pas un clou face à Jean-Didier (fallait bien lui trouver un prénom), le bro ultime, un MVP droit dans ses bottes mais prêt à faire le ménage par le vide ! Sensation orgasmique sans équivalent, à tel point de donner son nom au jeu lui-même, « faire un Tetris » fait plus de bien qu’une visite aux toilettes après un trip chez Taco Bell. C’est l’expérimentation in situ de ce qui constitue la quintessence du jeu vidéo : se lancer un défi, user de ses capacités cognitives pour le relever et éprouver un contentement infini lorsque tout se déroule selon le plan.

Cerise sur le McDo, il est possible d’affronter un (ou plusieurs selon la déclinaison/le millésime du jeu) amis – et ennemis en devenir – dans une avalanche de blocs afin de voir qui se débrouillera le mieux avec ce que la console daignera nous balancer. Et le plus beau, c’est que tout combo de lignes (c’est-à-dire nettoyer deux, trois ou quatre lignes d’un coup) enverra des blocs pourris (aussi appelés « junk ») chez l’adversaire, ce qui le fera rager en plus de compromettre ses plans. Imaginez un instant le bonheur sadique de boucher in extremis l’espace qu’il aura sciemment  laissé libre en attendant LA ligne (qui tarde à venir) indispensable à vous envoyer un Tetris à la tronche ! Et ne parlons pas de Tetris 99, un mode Battle Royale qui regroupe une centaine de joueurs en simultané ! Imaginez la violence du truc !

L’ultra-violence de Tetris 99… et un cameo de « la barre droite », dit Jean-Didier, dans toute sa splendeur

De l’idée dans les suites

Et l’aventure Tetris ne s’arrête pas là ! Si on ne compte plus aujourd’hui les déclinaisons, copies, portages et collaborations toutes machines confondues, quelques fun facts autour de la licence demeurent moins connus.

La suite de Tetris déjà, sombrement nommée Tetris 2, qui ne fait rien comme tout le monde. Là où les joueurs attendaient peu ou prou le même jeu avec quelques updates graphiques et sonores, Nintendo bazarde tout comme cela avait déjà été le cas avec Zelda 2 ou Castlevania 2. Ici, les règles changent fondamentalement. On y retrouve des tétrominos difformes à empiler selon une logique pour le moins abstraite. Exit la simple nécessité de faire des lignes et place à la prise de tête puisque les couleurs des blocs jouent aussi un rôle incontournable pour le joueur friand de constructions tarabiscotées. Très dépaysant et osé, Tetris 2 nécessitera une notice pour les plus impatients, tant il dynamite le concept de base d’Alekseï Pajitnov, qui se dissocie de cette suite.

Un Tetris 2 pour le moins déconcertant...

Deuxième point méconnu (à part pour une poignée d’acharnés), le portage Mega Drive de Tetris (comportant le logo SEGA sur le menu d’accueil) constitue aujourd’hui le jeu le plus cher de la machine, puisqu’il ne fut vendu qu’une semaine avant d’être retiré de la vente pour des raisons de droits, alors en cours d’acquisition par Nintendo. Moins de dix exemplaires seraient encore en circulation. Bon courage au full-seters qui nous lisent (voir photo) !

Une somme stratosphérique, davantage indicatrice de rareté que prix de vente effectif final

Vous ne le saviez peut-être pas mais Alekseï Pajitnov a bien bossé sur une suite de Tetris… avec des chapeaux ! Très justement nommée Hatris, cette mouture rigolote et bien sentie est à jamais restée dans l’ombre de son grand frère (logique, faut dire, de rester à l’ombre quand on porte un chapeau). On y empile des couvres-chefs de formes diverses qui dégringolent par paire du haut de l’écran. Évidemment, impossible de placer une casquette sur un haut-de-forme ou un Stetson. Un peu de sérieux ! C’est avec des habitudes comme ça que ton armoire finit en bordel et que tout se casse la gueule quand tu veux chopper ton T-Shirt de retro-gaming pour te la péter en convention.

Si vous avez une tête à chapeaux, Hatris saura vous convaincre
Un Tetris 2 pour le moins déconcertant...
Une somme stratosphérique, davantage indicatrice de rareté que prix de vente effectif final

Expérimenter en 2D, vivre en 3D

C’est vrai… Comment aurions-nous pu démarrer cette rubrique sans vous parler de Tetris, qui se devait de la lancer officiellement via ce parallèle évident ? Si nous continuerons à vous parler de pixels dans un avenir proche, c’est bien parce que ces derniers font office de base constructive ultime ! C’est à travers eux que s’est bâti le média le plus important et bankable (au point de faire de l’ombre au cinéma, surtout depuis le confinement de 2020) de ces cinquante dernières années. Zoomez sur une image d’un mur et vous y discernerez chaque brique. Zoomez encore et vous y verrez un amoncellement de pixels. Et si ces derniers sont cette fois virtuels, ils font le pont – et le franchissent – vers le réel, notre réalité, par le biais des Lego.

Alors pourquoi ne commenceriez-vous pas tout simplement par plonger tête la première dans vos reliquats de briques danoises comme Picsou dans sa montagne de pognon afin de composer vous-même vos tétrominos et vous affronter autour d’une variante de Dix de Chute sauce Tetris ? Créez vos propres règles ! Alternez entre 2D et 3D ! Matérialisez l’immatériel ! Lancez-vous dans le pixel art fait maison et ajoutez un Mario/Mega Man époque NES en guise d’arbitre ! Ou un Sonic, si vous avez meilleur goût… C’est facile, c’est carré !

Ah ben bravo Jean-Didier ! C'est du joli !
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Cogitations

🔎 Brickanalyse : Optimus Prime

Le set LEGO 10302 Transformers Optimus Prime. (photo : Brickosophy)

L'envers du décor n'est pas reluisant.

La tête

De face, la tête d’Optimus Prime est convaincante et très détaillée, surtout si nous la comparons à la tête de la Statue de la Liberté (21042).  Il faut dire qu’une tête de robot est plus facile à réaliser avec des briques anguleuses. Pour ajouter du détail, LEGO n’hésite pas à nous fournir non pas une, mais bien deux pièces tampographiées. C’est la fête! Mais ça se gâte si nous observons le modèle de profil. D’une part, nous nous rendons compte que le crâne est très en retrait pour le plus grand bonheur des fans de Rob Liefield (voir ci-dessous). D’autre part, tout le monde a un meilleur profil, sauf notre cher (170 € tout de même) Optimus Prime qui a une face de compression de César (insulte rare).

Il n'y a qu'un seul dieu sur Terre, c'est Arnold Schwarzenegger. C'est probablement ce qu'a dû se dire Rob Liefild en réalisant cette horreur.

À gauche un jouet Happy Meal de 2018, à droite un modèle LEGO à 170€.

Les mains

Les grosses paluches d’Optimus Prime sont plutôt bien fichues. Le pouce est totalement articulé, mais les trois autres doigts sont maintenus par une plate 1×3. Il suffit néanmoins de la retirer pour dissocier les doigts et donner libre cours à votre imagination pour créer les poses les plus créatives. Notons au passage l’astucieux moyen de fixation du canon à ions qui se fait sur l’avant-bras. *PEW PEW*

Des doigts articulables pour une pose dynamique.

L’articulation du coude

Avec ses 19 points d’articulation, ce modèle d’Optimus Prime permet étonnamment une grande variété de poses et le tout est relativement solide. Maaiiiiis… il faut tout de même souligner que l’Autobot manque de biceps. Lorsque le canon à ions est entre ses mains, l’articulation du coude peine à supporter le poids du flingue. Cheh.

Les lombaires

Afin de pouvoir transformer le robot en voiture, il est nécessaire pour lui de faire du limbo. Et on le sait, c’est un coup à se faire une hernie discale. C’est là le plus gros point faible structurel du modèle. Une brique ronde 4×4 flanquée d’une barre technique permet de faire pivoter le torse et constitue l’unique jonction avec les jambes. Autant dire que c’est léger et se décroche très facilement pour peu qu’on manipule ce pauvre Optimus Prime. J’ai d’ailleurs fracassé mon Optimus Prime une demi-douzaine de fois pendant la rédaction de cet article. Cheh.

Le limbo ça fait mal au dos. Remarquez la hernie discale au centre de la photo.

La plaque amovible

La présentation du produit nous promettait, je cite, une « conversion sans reconstruction » et qu’ « Optimus Prime se transforme en camion sans avoir besoin de le démonter. » Sans reconstruction vraiment? Non, une plaque résiste encore et toujours. Dommage, c’était presque un sans faute. Pour les plus chafouins, sachez qu’un fan avec de la suite dans les idées a trouvé un moyen d’intégrer les deux plaques sans avoir à les retirer. Et ça, c’est bien.

Les jambes

Deux vilains autocollants à coller, c’est un moindre mal. D’autant plus qu’il convient de noter que les pièces d’épaule avec le logo Transformers sont tampographiées. Les pièces en argent laquées (Silver drum-lacquered LEGO elements dans la langue de la perfide Albion) sont du plus bel effet, car quoi de mieux qu’un beau camion rouge ? un beau camion rouge et rutilant bien sûr! Gare toutefois aux égratignures qui sont irrécupérables. Mais le plus gros soupir de soulagement poussé sera quand vous découvrirez que les enjoliveurs des roues sont tampographiés et non des stickers abscons impossibles à centrer parfaitement.

Pas de stickers pour les roues. Merci LEGO.

Les pieds

Les jambes d’Optimus Prime sont solides. Vraiment solides (contrairement à son coude). On ne peut qu’admirer le designer qui n’a pas lésiné sur la solidité et sur le nombre de pièces utilisées. Comme dirait Snake, c’est du solide. Pour une fois qu’il n’y a pas des économies de bout de chandelle. Mais nom d’un joint de culasse ! Pourquoi cette pièce du pied se décroche en permanence ? ARG !

Un cube rose

Un cube rose…

un-cube-rose
Un cube rose.

La hache Energon

La hache Energon, toute en pièces trans-orange, a de la gueule. Les piédestaux pour figurines Power Burst (le splash orange) sont bien sentis et l’ensemble est visuellement réussi, à condition de la regarder du bon côté bien entendu. Juste un petit point : il faut retirer le petit poing d’Optimus Prime afin de fixer la hache, mais là encore, faites attention à l’articulation du coude qui souffre aussi du poids. Ça roule des mécaniques mais ça en manque sous le capot.

L'envers du décor n'est pas reluisant.

La plaque de présentation

Aaah! La fameuse plaque qui intronise l’ensemble LEGO dans la cour des grands, l’extirpant de sa vulgaire condition de jouet pour l’amener dans vers les cieux prestigieux des modèles d’exposition. C’est noir, c’est sérieux, mon bon monsieur. Le sticker est toujours aussi prise de tête pour le coller proprement. Mais bon, il faut en passer par là avant de laisser Optimus Prime prendre la poussière sur une étagère, ou la table basse du salon (suggestion de présentation). Comme à l’accoutumée, la plaque est censée nous donner quelques infos techniques, mais les designers ont trouvé drôle de reprendre les stats présentes sur l’emballage du jouet original (voir ci-dessous). Le clin d’oeil est sympa mais aussi utile que le cube rose.

Un graphique illisible, des stats incompréhensibles... C'est quoi l'endurance ? Sa consommation l/100km ?

Mon beau camion

On ne pouvait décemment pas faire l’impasse sur le principal argument de vente de cet Optimus Prime, c’est-à-dire un modèle LEGO® 2-en-1. En effet, comme pour le jouet Hasbro dont le set s’inspire, l’Autobot peut se transformer en camion rouge au prix de 18 étapes plus ou moins simples. Soyons franc, vous n’effectuerez la transformation qu’une ou deux fois avant d’exposer fièrement votre modèle. C’est amusant, mais chacune de mes tentatives s’est soldée par des pièces se décrochant inopinément. J’ai d’ailleurs explosé mon modèle plusieurs fois en le manipulant. Ce sont là les limites d’un set de ce genre. Bye Optimus Prime, on se revoit sur l’étagère au prochain dépoussiérage.

Chauffe Marcel !

LEGO® ICONS™

Optimus Prime 10302

Note brickosophy:
4/5

169,99 €

(PRIX À TITRE INDICATIF)​

Optimus Prime. Commandant des héroïques Autobots. Et désormais un impressionnant modèle LEGO® 2-en-1 pour les fans de Transformers. Réveillez votre passion pour cet univers avec un projet de construction gratifiant conçu pour les adultes, et recréez le moindre détail de ce robot culte.

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Moi aussi j'aime bien Voltron.
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Cogitations

À Lego City, ça roule pour l’écologie

Dans l’univers LEGO, il existe de nombreuses villes canoniques qui correspondent à différents thèmes proposés par la marque. Que ce soit Ninjago City, Newbury (RIP Hidden Side), Heartlake City (Friends), aucune d’entre elles n’est aussi vieille et célèbre que Lego City, la ville historique de la marque. Elle voit le jour en 2005 lorsque les premiers modèles estampillés City sont commercialisés et succède à la gamme Town débutée en 1979. Dans les faits, ces deux gammes n’ont de différence que le logo City apposé sur les visuels des boîtes, consacrant ainsi les ensembles en un thème LEGO officiel.

C’est aussi un record de longévité pour une gamme n’étant pas tirée d’une licence. Inspirée de la vie réelle contemporaine, la gamme peut sembler tourner en rond en proposant régulièrement son lot de commissariats, caserne de pompiers et d’hôpitaux, en somme de services publics. Les impôts sont donc bien alloués, non ? (Non.) Il aura fallu attendre 2022 pour qu’enfin Lego City se dise qu’avoir une école serait une bonne idée pour offrir des alternatives aux carrières dans les forces de l’ordre. Il est d’ailleurs surprenant qu’aucun tribunal n’ait vu le jour, reléguant de fait la justice à un niveau comparable à une dystopie digne de Judge Dredd. Police partout, justice nulle part pour paraphraser Victor Hugo. Cheh.

Du diesel à l’électrique

Ci-dessus

Différents ensembles commercialisés par LEGO dans les années 80 en partenariat avec Shell. 

Mais ce que la ville en briques affectionne le plus après la police et les pompiers, c’est l’automobile sous toutes ses formes. Et qui dit voiture, dit infrastructures, et fatalement énergies fossiles, donc changement climatique. En France, les transports représentaient en 2019 un bon quart de l’empreinte carbone des habitants. On comprend donc aisément que LEGO se devait de réagir afin de sortir d’une position de plus en plus inconfortable.

D’ailleurs, un autre écueil qu’à dû affronter la ville de briques fut la polémique Shell. Jadis, Lego City arborait fièrement le logo de la compagnie pétrolière jusqu’à ce que Greenpeace vienne jouer les troubles-fêtes, forçant LEGO à rompre son partenariat en 2014. On aurait pu croire à un début de prise de conscience écologique et environnementale suite à cette marche arrière de la marque, mais ce ne fut in fine que pour créer sa compagnie pétrolière fictive, Octan.

Le train du greenwashing : légumes bio, voitures électriques et leur borne de recharge alimentée par des panneaux solaires.

Cependant, Lego City évolue avec son temps et introduit de nouveau ensembles avec une thématique forte : la transition écologique. Fini les aéroports, le tout voiture, les hélicoptères ? Alors non, mais il y a des panneaux solaires sur les toits, du recyclage et des voitures électriques. On pourrait trouver la démarche anecdotique mais ce sont des petits pas dans la direction d’une ville en plastique ABS émancipée des énergies fossiles et qui réduit son empreinte carbone.

Il est intéressant de noter que la vague estivale de nouveautés poursuit plus avant la prise de conscience écologique des habitants de Lego City. En effet, si l’on fait abstraction des cascadeurs en tous genres, les ensembles sont fortement marqués par les défis climatiques contemporains que sont l’agriculture biologique, les circuits courts et les mobilités douces. La planète est donc en passe d’être sauvée, non ? (Non.)

Le bingo écomobilité chez LEGO : train, vélo, bus et trottinettes électriques, bornes de recharge et… des toilettes mobiles.

Fresh, c’est cool

En y regardant de plus près, ou plutôt en adoptant une vision d’ensemble, on constate que LEGO a introduit une nouvelle marque en ville, Fresh, à la fois producteur et distributeur agricole. La nouvelle entreprise est lancée en grande pompe, n’hésitant pas à s’afficher un peu partout avec une campagne marketing digne d’une vraie (intrusive et insidieuse). Ayons une petite pensée pour cette pauvre employée obligée de se déguiser en légume pour l’ouverture de l’épicerie.

Nous voici donc en présence d’une entreprise qui s’affranchit des intermédiaires et adopte une stratégie « Farm to fork » (« De la ferme à la fourchette »). Le camion de marché permet d’être au plus près des clients et le transport des marchandises se fait par rail. Le bilan carbone des produits est donc plutôt bon pour Fresh, sauf pour les œufs fermiers élevage plein air récoltés avec amour en quad.

Une campagne marketing agressive est déployée à travers la ville pour le lancement de Fresh.

Côté ferme, l’entreprise adopte une démarche de polyculture-élevage ; les déjections du bétail (bouses, lisiers, crottins, fientes, cacas) retournent au sol pour le maintenir fertile et donc productif. Ainsi, le bien-être des animaux en plastique est visiblement respecté, pour le plus grand bonheur de nos amis végétariens. Du bio, du local, de l’éthique, les habitants de Lego City sont chanceux, sauf pour les prix (3 €/kg de carottes bio, c’est du vol !)

Le bon côté des choses, c’est qu’il y a encore une grande marge de progression…

Au final, la marque Fresh n’est-elle qu’une tentative de greenwashing de LEGO ? Probablement. Son ajout à Lego City est-il une bonne idée ? Assurément. Car malgré quelques détails absurdes, il est important pour des jouets de transmettre aux enfants un imaginaire en adéquation avec son époque. En mettant l’accent sur une alimentation saine et en se détachant des énergies fossiles, LEGO revient de loin et fait des petits pas dans la bonne direction. C’est toujours ça de pris.

La ferme des animaux, probablement.
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Lore improbable

La brique qui fâche! Comment le palais de Jabba est devenu le centre d’une polémique?

Il y a bien longtemps…

Californie, 1973. Un jeune réalisateur peine à convaincre des producteurs récalcitrants de la 20th Century Fox de financer son prochain long-métrage, son grand projet visionnaire. C’est une œuvre ambitieuse de science-fiction, ou, pour être plus précis, un Space Opera. Mais les pontes du studio peinent à comprendre les idées farfelues et foisonnantes empreintes de combats spatiaux et de bestiaires oniriques.

Il faut dire qu’avec seulement deux films à son actif, George Lucas effarouche les investisseurs potentiels qui émettent des doutes sur sa capacité à diriger des films à gros budget. C’est après avoir terminé son film Amercian Graffiti en 1972 qu’il décide de se lancer dans une adaptation de Flash Gordon. Bien que le projet soit abandonné suite à des conflits avec les ayants droit, l’attrait pour les aventures spatiales ne quitte pas le jeune réalisateur.

C’est à ce moment que l’idée de rédiger son propre scénario germe dans l’esprit de Lucas. Dès 1973, il travaille à l’écriture d’une histoire de science-fiction de son invention. Trop dense, trop complexe, voire trop créative, la grande épopée spatiale peine à aboutir et George Lucas retravaille incessamment son ouvrage ; il réécrit son script, affine son intrigue, ses personnages. Il passera deux ans à décanter ses idées. 

Ce n’est que peu de temps après avoir commencé l’écriture de sa troisième version du script, en janvier 1975, que George Lucas fait appel à différents designers, dont un certain Ralph McQuarrie pour illustrer les personnages, les costumes, les accessoires et les décors. Bien lui en a pris puisque le script qu’il apporta à la 20th Century Fox, accompagné des illustrations de McQuarrie, convainquit le studio de lui allouer un budget de 8,25 M$ pour son film que nous connaissons tous aujourd’hui sous le titre de Star Wars.

Jadis, le futur

Lors de sa phase de recherche et d’écriture, George Lucas s’est imprégné d’une quantité phénoménale de sources d’inspiration. Ainsi, il emprunte autant à l’Orient spirituel et esthétique inspirés des films de samouraïs, des films de guerre (le Vietnam n’est pas loin), d’œuvres tel que Dune ou le Hobbit. Le manichéisme de la Force rappelle également la cosmologie d’Empédocle et ses deux principes qui règnent cycliquement sur l’univers, l’Amour et la Haine.

Toute première apparition de Dark Vador. Illustration de Ralph McQuarrie.

Cependant, nous devons l’esthétique de l’univers de Star Wars, pour sa très grande majorité, au travail et à la créativité d’un homme, Ralph McQuarrie. En effet, ses travaux préparatoires impressionnèrent tant George Lucas qu’il mit un point d’honneur à rester le plus fidèle possible aux illustrations et concepts de McQuarrie. Pendant le tournage, Lucas s’est assuré que de nombreux plans reproduisaient exactement ses peintures, telle était son estime pour le travail de McQuarrie.

Star Wars n’a aucun point de référence au temps ou à l’espace terrestre, avec lesquels nous sommes familiers, et il ne s’agit pas du futur mais d’un passé galactique ou d’un présent extra-temporel, c’est un lieu résolument habité et utilisé où le matériel est pris pour acquis.

Lucas sur l'esthétique "future usagé"

Parmi les concepts réalisés par l’illustrateur, nous connaissons tous ses designs des personnages. De celui de Dark Vador, inspiré de l’armure de samouraï avec son casque kabuki, aux Stromtroopers qui mimiquent les nazis, en passant par le droïde C-3PO, dont la ressemblance avec le robot du film Metropolis de Fritz Lang flirte avec le plagiat, Ralph McQuarrie puise allègrement dans les références historiques. Mais il serait trop simple de dire qu’il ne fait que les reprendre in extenso. Non, il les absorbe et les sublime.

Son travail, néanmoins, ne s’arrête pas aux concepts des personnages. McQuarrie a été le démiurge qui a donné de la consistance aux environnements de la galaxie lointaine, très lointaine de Star Wars. Lointaine vraiment ? Pas si sûr. George Lucas avait une idée bien précise de ce qu’il voulait pour son film, ou devrait-on dire ce qu’il ne voulait pas : un monde coloré, chromé et « propre ». C’était pourtant l’esthétique à la mode lorsqu’il s’agissait de récit de science-fiction.

Ainsi, Lucas décrivit son style visuel de « documentaire fantastique » avec un concept innovant pour l’époque, le « futur usagé » (used future) de son monde fictif. Bien que le concept ne soit pas né avec Star Wars, son succès commercial l’a définitivement popularisé. Cette patine usée qui empreint l’univers des films invite le spectateur à un sentiment de familiarité. La technologie futuriste est aussi naturelle pour les personnages que le sont, par exemple, les voitures pour nous. Presque tout y est rafistolé, abimé et poussiéreux, en somme : vivant.

Une galaxie pas si lointaine

Différentes illustrations de Tatooine par Ralph McQuarrie

Avec ces instructions en tête, Ralph McQuarrie s’est attelé à la tâche ardue de transcrire les idées de George Lucas en images. L’illustrateur fut très prolifique et, de dessin en dessin, donna corps aux différents environnements servant de trame de fond à l’intrigue. Le processus créatif est une chose bien mystérieuse, mais les directives de Lucas guidèrent son travail et plutôt que d’inventer des montages hallucinés, il s’inspira de différents courants architecturaux et emprunta les traits exotiques de monuments bien terriens.

Passer en revue l’ensemble de ses travaux mériterait un livre entier. Ce qui nous intéresse ici, c’est la série d’illustrations s’attardant sur une des planètes centrales dans l’épopée Star Wars, le fil rouge courant à travers les films, Tatooine. Cette planète désertique, dont le nom lui-même est un emprunt à la ville de Tataouine en Tunisie, est le lieu décor d’une grande partie de l’intrigue et la planète d’où Luke Skywalker débute son long parcours initiatique.

L’une des premières peintures de Ralph McQuarrie de Tatooine représente l’astroport de Mos Eisley. La ville, un « repaire des malandrins les plus infâmes de toute la galaxie », a été imaginée comme étant construite de boue, de terre battue et de plâtre dans un style architectural vernaculaire nord-africain. Sachant que la plupart des prises de vues extérieures ont été tournées dans le désert tunisien, il n’est pas étonnant que les deux mondes partagent de nombreuses similitudes.

Dans un souci d’authenticité, et probablement aussi de budget, certains plans furent d’ailleurs tournés dans des décors réels, tel l’hôtel Sidi Driss à Matmata qui devient la ferme des Lars grâce à la magie du cinéma. Il serait tout de même faire injure à McQuarrie de penser que ses designs architecturaux ne sont que de vulgaires décalques des constructions autochtones. Pour s’en convaincre, il suffit de s’attarder sur l’édifice le plus tristement célèbre de Tatooine : le palais de Jabba le Hutt.

Hommage à l’appropriation

Jabba Desilijic Tiure, dit Jabba le Hutt, est un antagoniste présent à travers les films de la saga. Chef du très puissant cartel des Hutts, il dirige sont empire du crime tapis à l’abri de son imposant palais qui domine le désert de dunes de Tatooine. Isolé, lourdement blindé et gardé par une petite armée, ce bâtiment gigantesque apparaît pour la première fois dans Le Retour du Jedi. À l’image de son propriétaire, le bâtiment est tout en rondeurs, massif et peu accueillant.

L’aspect répugnant de Jabba, croisement entre une limace géante et un crapaud, peut trouver sa source d’inspiration dans les travaux de Jean Giraud, dit Mœbius, effectués pour la préproduction du film Dune de Jodorowsky. En effet, dans l’univers de Dune, le baron Harkonnen partage de troublantes similitudes avec Jabba le Hutt. Le personnage d’une obésité morbide est incapable de se déplacer sans l’aide de « suspenseurs antigravité », à rapprocher du palanquin sur « répulseurs » qu’utilise Jabba pour ses déplacements.

Le baron Harkonnen par Mœbius

Le palais apparaît pour la première fois sous les pinceaux de McQuarrie et n’a quasiment pas changé lors de son passage à l’écran. L’illustrateur conserve une certaine cohérence architecturale entre les différents lieux de Tatooine. Cependant, les sources d’inspirations du palais semblent être plus nombreuses. Ses grandes surfaces lisses sans fenêtres rappellent le brutalisme, tandis que les dômes coiffants les différentes structures semblent être d’inspiration Byzantine.

Ci-dessus

Le palais de Jabba le Hutt vu par Ralph McQuarrie. Il est surprenant de voir un design aussi abouti. La version aperçue dans le Retour du Jedi est quasiment identique aux illustrations.

Ces dômes surbaissés à tambour évoquent naturellement ceux de l’Hagia Sophia, la basilique Sainte-Sophie à Istanbul, chef-d’œuvre du VIe siècle considéré comme le plus bel exemple de l’architecture byzantine. Convertie en mosquée après la prise de Constantinople par les Ottomans en 1453, la basilique a néanmoins été préservée. Seuls quatre minarets furent accolés à l’édifice, ajoutant d’autant plus de similitudes avec le palais de Jabba et ses grandes tours.

Cependant, il serait simpliste de s’arrêter à une unique référence. Ainsi, l’architecture cycladique, emblématique des archipels grecs des Cyclades, ne peut être écartée. Il suffit pour s’en convaincre d’arpenter les dédales de la localité d’Oia à Santorin pour s’imaginer dans les ruelles de Mos Eisley. L’art nouveau peut également être invoqué tant l’aspect organique des sommets des tours imitent un chapeau de champignon. Et que dire de l’observatoire météorologique de la Sniejka en Pologne, ou, plus proche du domicile de Ralph McQuarrie, l’observatoire Griffith à Los Angeles ? Toutes ces références sont légitimes comme vous pouvez le constater ci-dessous.

La basilique Sainte-Sophie à Istanbul, convertie en mosquée. (DR)

Une forteresse Jawa qui rappelle fortement l’architecture cycladique de la localité d’Oia à Santorin. (Ralph McQuarrie/DR)

Ci-dessus
L’observatoire Griffith niché sur les hauteurs de Los Angeles, à proximité du célèbre Hollywood. (DR)

Ci-dessous
L’observatoire météorologique au sommet de la Sniejka en Pologne. (DR)

Stars Wars, ton univers impitoyable

Il serait aisé de croire qu’après toutes les anecdotes sur ses origines, le palais de Jabba n’ait plus de secrets à dévoiler. C’est mal connaitre l’engouement autour de la franchise, car une grande popularité rend la curiosité des fans insatiable. Ainsi, l’histoire de la cosmogonie de l’univers de Star Wars se dévoile aussi en dehors du matériau de base que sont les films. Livres, romans, encyclopédies en tous genres explorent plus avant les profondeurs du lore et poursuivent un travail anthropologique de l’arrière-monde entraperçu à l’écran.

Au détour des informations glanées grâce à ces différentes sources, le palais de Jabba étoffe son mythe pour le rendre encore plus sombre qu’il ne l’était déjà. Aux criminels sanguinaires, aux orgies décadentes, et aux monstres en sous-sol, il faut désormais ajouter l’ordre des moines Bo’marr à la liste des curiosités macabres peuplant le lieu. L’ésotérisme de l’édifice n’a donc pas échappé aux différents auteurs travaillant sur l’univers étendu, et il est ainsi révélé que la résidence de Jabba n’est autre qu’un ancien monastère convertit en forteresse pour les besoins du Hutt.

Ci-dessus

Ralph McQuarrie dépeint des moines Bo’marr avant d’être décérébrés.

Un droïde araignée BT-16 déambulant aux alentours du palais avec son bocal nutritif contenant le cerveau d’un moine Bo’marr.

Les moines B’omarr étaient les membres un mystérieux ordre religieux qui s’est installé sur la planète Tatooine 700 ans avant les péripéties de la trilogie originale. Les B’omarr pensaient que se couper de toute sensation physique permettait d’atteindre l’illumination. Lorsqu’un moine y parvenait, son cerveau était retiré grâce à une procédure chirurgicale et maintenu artificiellement en vie. Lorsqu’ils ont eu besoin de se déplacer dans leur monastère, leurs cerveaux ont été transférés dans des droïdes araignées BT-16 spécialement modifiés pour accueillir leurs cerveaux dans un bocal suspendu sous les pattes.

Un de ces droïdes araignées peut être aperçu en arrière-plan dans Le Retour du Jedi. Bien qu’on ne distingue pas le contenu de son bocal, savoir qu’une cervelle y est conservée est glaçant. Car il faut savoir que l’arrivée de Jabba dans le monastère n’a pas délogé ses moines. Bien au contraire, le Hutt les tolérait et les laissait déambuler librement dans les entrailles du palais, savourant l’effroi que leur vision cauchemardesque produisait sur les visiteurs et son entourage.

Lego, jeu, set et match

C’est en 2012 qu’entre en scène le groupe Lego dans l’histoire du palais. Depuis plus de 20 ans, le fabricant de jouets commercialise des ensembles sur le thème de Star Wars. Avec près de 900 produits LEGO lancés au fil des ans, il est indéniable que la franchise jouit d’une popularité à l’épreuve du temps. Et le repère du seigneur du crime constitue une magnifique opportunité d’offrir aux fans une construction attrayante. Le set LEGO 9516 : Le Palais de Jabba est lancé.

Le set LEGO 9516 : Le Palais de Jabba, à l’origine de la controverse.

Avec ses 717 pièces, l’ensemble permet de recréer la salle du trône de Jabba et fourmille de nombreux détails aperçus dans le film. À l’intérieur, le Hutt fume son narguilé confortablement installé sur son palanquin. LEGO fournit même un moine Bo’marr enchâssé dans son droïde araignée. L’extérieur, quant à lui, reprend les principaux éléments architecturaux du palais : des dômes, une tour et une lourde porte blindée. Le rendu général est simpliste mais parvient à offrir un aspect convaincant et reconnaissable. Quand soudain, au détour d’un cadeau de Noël en 2012, la polémique fait son apparition avec fracas.

Il est clair que la figure du vilain méchant Jabba et toute la scène servent de préjugés raciaux et d’insinuations vulgaires contre les Orientaux et les Asiatiques en tant que personnalités sournoises et criminelles. […] Les enfants deviendront insensibles à la violence et aux autres cultures.

Birol Kilic, président de l'Association culturelle turque d'Autriche

À Vienne, un père se plaint à la l’Association culturelle turque d’Autriche du cadeau de Noël reçu par son fils, le fameux Palais de Jabba de LEGO. La communauté s’empare rapidement de l’affaire et s’indigne de ce qu’elle considère comme des « défauts répréhensibles sur le plan éducatif et culturel ». Mais qu’est-il reproché exactement au jouet de construction qui, toujours selon cette communauté, « n’a pas sa place dans les chambres d’enfants » ? Tout simplement sa ressemblance avec la basilique chrétienne devenue mosquée, puis musée, l’Hagia Sophia, Sainte-Sophie à Istanbul.

Dès lors, c’est la pente glissante. « Le terroriste Jabba le Hutt aime fumer le narguilé et tue ses victimes », « la tour en forme de minaret comporte des mitrailleuses » et comble de l’insulte, le garde Gamorréen aux traits porcins, armé d’une hache, se tient à la place supposée qu’occuperait un muezzin. Malgré les dénégations du groupe LEGO, qui se borne à faire valoir les images du film comme uniques références et de regretter une mauvaise interprétation, l’Association culturelle turque n’accepte pas la réponse de l’entreprise et la renvoie à ses responsabilités.

Les griefs de l'Association culturelle turque d'Autriche mis en image.

La boucle est bouclée

Malgré la polémique, l’ensemble LEGO fut retiré de la vente en 2014 au terme d’un temps de commercialisation de 18 mois, un cycle de vie relativement courant chez LEGO et qui ne permet pas de trancher si la controverse eut un impact sur le retrait du modèle. Toujours est-il que l’affaire a laissé des stigmates chez le groupe danois, qui a visiblement retenu la leçon avec la réédition récente du palais de la discorde.

Le récent set La salle du trône de Boba Fett (75326), qui est une réinterprétation du Palais de Jabba (9516), prend grand soin d’éviter tous les écueils de son aïeul. Ainsi, le dôme coiffant la construction disparaît au profit d’une toiture quelconque, la tour perd un étage et évite soigneusement la présence d’armes, et le garde Gamorréen reste à hauteur du sol sur les visuels officiels. Heureusement pour LEGO, le personnage de Jabba repose dans sa tombe.

Au final, cette tempête dans un verre d’eau met en lumière une certaine ignorance de la charge culturelle présente dans ce bâtiment, certes fictif, mais éminemment ancré dans notre histoire réelle. Que ce soit la naïveté de LEGO de penser que « le modèle en question n’est basé sur aucun bâtiment réel » ou le biais de confirmation de l’Association culturelle turque d’Autriche qui croit repérer une intention cachée, chaque camp s’attache au superficiel d’une même histoire dont la profondeur des racines a été sous-estimée.

De la récupération architecturale au symbolisme religieux, en passant par l’inspiration historique, il est amusant de voir comment la fiction et le réel s’entrechoquent dans cette affaire insolite. Pour conclure, si l’on considère que la basilique Sainte-Sophie est effectivement la source d’inspiration du palais de Jabba, que dire alors de la toute récente mosquée de l’aéroport d’Istanbul ? La boucle est-elle enfin bouclée ?

La nouvelle mosquée de l'aéroport d'Istanbul. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se recycle...
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Cogitations

🔎 Brickanalyse : La salle du trône de Boba Fett

Le set LEGO 75326 La salle du trône de Boba Fett. (photo : Brickosophy)

L’architecture

Vu de devant, le set est un beau produit d’exposition avec suffisamment d’informations visuelles pour flatter l’oeil. Mais bizarrement aucune image de l’arrière de la construction n’est disponible. Et pour cause. Heureusement, Brickosophy est là pour vous fournir ce magnifique cliché du set de dos, dans toute sa splendeur. Et nous comprenons instantanément pourquoi les photos officielles ne s’attardent que sur la porte d’entrée. Le seul truc sympa ici, c’est le lapin (ne cherchez pas, je l’ai rajouté pour affronter le serpent).

Meh... Dôme-age.

Comme nous le montre le set LEGO 9516 : Le Palais de Jabba (à droite), un toit fait toute la différence.

Soyons honnêtes, de ce côté-ci, il faut vraiment chercher la ressemblance avec le Palais de Jabba Boba Fett. Le rendu général manque de rondeurs et surtout, (surtout!) d’un toit en coupole, élément emblématique de ce bâtiment. Il était pourtant bien présent dans sa précédente version LEGO : Le Palais de Jabba (9516). Vous connaissez peut-être la raison de cet abandon suite à une polémique qui a enflammé le monde musulman. Cependant, cette histoire est si passionnante qu’elle fait l’objet d’un autre article

La porte d’entrée

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La lourde porte d’entrée en duracier accueille les visiteurs téméraires. Le set propose ici une double fonctionnalité : la porte s’ouvre à la verticale et l’œil du Droïde-Portier TT-8L/Y7 (TT-8L=Tattletale=cafteur=Haha) se déploie pour scruter et refouler les visiteurs avec des baskets aux pieds. Cet oeil est composé d’une tile ronde décorée et non pas de la boule technique plus réaliste vue dans le set 4475. C’est regrettable mais nécessaire pour que la porte puisse s’ouvrir correctement (sinon ça coince). D’ailleurs, le globe oculaire est fixé à une barre technique qui permet de maintenir la porte ouverte mais laisse un gros trou dans le plancher du minaret de la tour.

Un schéma vaut mieux qu'une longue explication.
L'œil de TT-8L est la seule chose bien de ce mini set (4475) de 2003.

Le trône

Boba Fett´s Throne par Pablo Olivera

La pièce centrale de cette construction. Et c’est une très belle réussite. Le mécanisme de détrônement est habilement dissimulé et fonctionne très bien. Le saviez-tu? Le trône de Jabba Bib Fortuna Boba Fett est monté sur répulseurs, ceci expliquant qu’il puisse se mouvoir et ainsi ajouter une autre petite fonctionnalité de jeu. Car en déplaçant le trône, vous accédez à un compartiment secret. Vous vous attendiez à la trappe de la fosse du Rancor? Raté. Malgré la présence de la grille d’observation, posée un peu à l’arrache, les seules références au Rancor sont les autocollants, très réussis au demeurant, de part et d’autre des gros accoudoirs. Petite déception tout de même avec les ornements Abyssins (non pas le chat) qui sont réduits à de vulgaires studs dans un pur style abstrait de la gamme LEGO Architecture.

All Hail to the King Baby!

La rôtissoire

Avouez-le, vous n'aviez pas remarqué la rôtissoire.

La salle du trône de Jabba était un lieu de plaisir et de décadence, et les plaisirs de la bouche n’étaient pas en reste. Ainsi, la grosse limace s’était entourée de toute une grande variété de mets à portée de main, poussant le vice jusqu’à installer un barbecue juste derrière son palanquin. Et il faut vraiment n’avoir aucun-amour propre pour rôtir des bavettes d’aloyau de Jerba juste à côté de son lit. Bonjour l’odeur de graillon. Entre les grillades, les chichas, la transpiration et le musc naturel des convives, la salle du trône devait sentir bon la convention geek. Le mur du fond du set LEGO s’ouvre pour nous permettre d’accéder à la rôtissoire, de le faire tourner avec nos gros doigts malhabiles et de lancer notre merguez-partie.

Le Jerba était une vache moche originaire de Tatooine. Pas très sympa pour la ville de Djerba.

L’escalier

La dernière vidéo de L214 expose la cruauté de l’escalier d’abattage.

Parmi les différentes fonctionnalités de jeu proposées dans ce set, les marches qui basculent ont une place à part. La description officielle nous invite à renverser un pauvre garde Gamorréen dans l’escalier le plus meurtrier de la galaxie. Mais soyons précis, si l’on observe en détail l’action, les spectateurs les plus attentifs et pugnaces auront remarqué que l’escalier est innocent. En effet, la chute des pauvres gorets de l’espace aurait pu être évitée en installant une rambarde. Sécurité avant tout. Ceux qui se sont déjà fait une rupture du ligament en loupant une marche et en tombant de 20 cm savent et ne regardent plus les scènes de chutes dans les escaliers avec désinvolture, mais avec un effroi traumatique.

Les drogues

Haut lieu de dépravation, la salle du trône a tout d’une boîte de nuit clandestine. Bien confortablement installé dans l’une des nombreuses alcôves, les convives pouvaient admirer les danseuses exotiques tout en fumant du t’bac au narguilé et en sirotant un verre de Spotchka (½ de Scotch, ½ de vodka). Le set n’est pas avare et nous fournit l’intégralité de la liste. Ajoutons à cela les nombreuses armes, fonctionnalités pour recréer des meurtres et les criminels qui vont avec, et nous obtenons un magnifique jouet destiné aux 9 ans et plus, ainsi qu’un magnifique combo d’enfreintes aux sacro-saintes règles de politiquement correct du fabricant de briques. Rassurez-vous braves gens, tout ceci est fictionnel et n’a aucun rapport avec la vraie vie réelle (on ne sait plus s’amuser depuis le Covid). 

Les minifigurants

Globalement, ce set LEGO est plutôt réussi et sympa. Néanmoins il est surprenant de voir un ensemble assez consistant (100 € pour 732 pièces et 7 minifigurines) se baser uniquement sur une scène post-générique d’une série TV. Pourtant, ici tout est reproduit avec une grande fidélité jusque dans les minifigurines incluses. Et c’est bien ce qui coince. Hormis les figurines de Boba Fett et de Fennec Shand (et dans une moindre mesure Bib Fortuna), les autres personnages présents ne sont que d’illustres figurants qui n’ont que quelques fractions de seconde de présence à l’écran. Même en creusant profondément dans les entrailles du lore de Star Wars, aucun patronyme ne leur est attribué (Rystáll Sant, Tessek, Gartogg et Ak-rev ?) . À peine connaît-on leur race si on est un gros nerd (ou qu’on lit la description sur la boîte). Pour se consoler, notons que les figurines sont très belles et bien fichues. Et rien ne vous empêche de leur trouver des petits noms.

Karen la danseuse exotique, Zoïdberg, Bebop et Bob le moche.

La grille de la fosse du Rancor

Passez votre chemin, il n'y a rien à voir ici.

Malheureusement pour ceux qui espéraient un futur set qui se combinerait pour former un gros palais, il y a peu de chances que cela se produise. Rien dans la construction ne laisse présager de futures fonctionnalités d’assemblage, sauf pour le toit mais l’espoir est ténu. Néanmoins, la grille présente un double intérêt. Fixée au trône, elle permet d’une part de le faire glisser plus facilement, et d’autre part, elle ajoute un peu de profondeur au set. La grille est, par ailleurs, un élément central de la salle du trône et les designers auraient eu tort de se priver d’ajouter cette pièce iconique. Que serait la salle du trône de Jabbba sans sa principale attraction? 

"Ne t'inquiète pas pupuce, je te trouverai une autre niche."

Lego Star Wars™

La salle du trône de Boba Fett 75326

Note brickosophy:
4.5/5

99,99 €

(PRIX À TITRE INDICATIF)​

Écrivez un nouveau chapitre de Star Wars : Le livre de Boba Fett avec La salle du trône de Boba Fett (75326) pour les fans de 9 ans et plus. Le palais s’ouvre pour accéder à la salle du trône, au barbecue et à la cuisine. Le set inclut un trône avec compartiment secret, une fonction « pop-up » pour éjecter Bib Fortuna, des marches qui basculent, une porte qui s’ouvre et de nombreux accessoires.

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Collectionnisme

Alerte aux dinosaures! Les nouveautés LEGO Jurassic World 3: Le Monde d’après débarquent

Essayez de vous imaginer à l’ère Crétincée. Vous jetez votre premier coup d’œil sur cette nouvelle vague de sets LEGO Jurassic World Le monde d’après en débouchant dans une clairière. Vous la fixez intensément en pensant à votre banquier. Et c’est alors que l’attaque survient. Elle ne vient pas de face, mais par les côtés, des sept autres sets LEGO Jurassic World : Le monde d’après que TU N’AVAIS PAS ENCORE VU ! Et le boss final vient juste d’apparaitre !

Un schéma d’attaque coordonné

C’était donc une attaque (au porte-monnaie) en deux vagues à peine séparée d’une semaine. Les trois premiers sets dévoilés n’étaient que le hors-d’œuvre. Pourtant, ils sont plutôt consistants dans l’ensemble et auraient pu faire le job pour satisfaire les fans. En plus, 190 € pour se les offrir semblait un tarif plutôt accessible, d’autant plus que LEGO nous laissait deux mois pour nous préparer à économiser en prévision de la douloureuse.

C’était sans compter sur l’appétit vorace d’Universal pour ronger votre PEL jusqu’à la moelle à base de produits dérivés. Il ne prend pas la peine de te mordre à la jugulaire, oh non… Il fend l’air et te lacère avec ça : une griffe de vautour de vingt centimètres à la place du doigt du milieu. Il faut bien surfer sur la hype de la sortie prochaine du dernier opus au cinéma pour faire cracher les billets. Le pire, c’est que… Je vais essayer de me montrer un peu respectueux…

Bienveillance et intergénérationnel, deux mots que je déteste.

…Zut. Encore raté.

Un monde d’après désirable

Les franchises au cinéma se portent bien ces derniers temps. Batman, Spider-Man, Star Wars, SOS Fantômes… Il nous manquait donc les dinosaures de Jurassic World. Le troisième opus de la saga (sixième de la saga Jurassic Park), sort donc le 8 juin dans les salles obscures. Et encore une fois, LEGO nous propose ses produits dérivés deux mois à l’avance, nous laissant que la bande-annonce pour juger de la pertinence des sets. Alors, commençons par se rafraîchir la mémoire.

Je sais ce que vous vous dites, « vivez la fin de l’ère jurassique » et un slogan moisi. Et pas parce que tous les relous vont venir avec leur « en fait les dinosaures présents vivaient en réalité pour de vrai à l’époque du crétacé supérieur ». Oui, on a compris, merci. Non, nous assistons à la fin de l’anthropocène. Il est particulièrement ironique d’entendre « on a provoqué une catastrophe écologique ». Personnellement, de tous les scénarios apocalyptiques (réchauffement climatique, troisième guerre mondiale, pandémie, etc.), celui des dinosaures qui galopent avec des poneys sauvages me semble être le plus désirable. L’homme qui restaure la biodiversité, c’est la chose la moins crédible de l’histoire.

"Oh m*rde! L'économie!!"

Quand faut y aller…

Maintenant que nous avons la bande-annonce en tête, commençons l’examen des sets afin de voir s’ils respectent le matériau de base, ou s’ils sont de vulgaires produits dérivés pompes à fric. Si vous n’avez pas regardé la bande-annonce, pas de panique. Votre serviteur a fait moult capture d’écran pour vous faciliter la vie. L’ordre des sets est totalement aléatoire. Alors commençons par le premier et meilleur ensemble de cette vague : La cavalcade des Parasaurolophus et des poneys.

Libres comme des poneys fougueux galopant sous un soleil couchant.

Non ce set LEGO n’existe malheureusement pas. Mais avouez que ça aurait eu de la gueule. En plus, le Parasaurolophus n’a toujours pas eu droit à sa figurine LEGO. Pourtant ce kangourou licorne était mon dinosaure préféré lorsque je n’étais qu’un enfant insouciant dont le rêve était d’être paléontologue. Ou archéologue. Qu’importe, pourvu que j’eusse pu porter un Stetson

La course-poursuite du Ptéranodon 76943

Ce premier set est, comme vous pouvez le constater par son minimalisme, est destiné aux enfants de quatre ans et plus (si affinités). Vous n’y trouverez donc pas d’expérience de construction transcendantale. Mais vous pourrez astucieusement initier les plus jeunes enfants à l’amour des dinosaures et des fruits de mer (et des lassos… visiblement). Fouettez vigoureusement les poissons et attrapez au lasso les tourteaux.

Le Ptéranodon nous est livré ici sans conviction dans une teinte bleue inédite (wou hou!). Un albatros aurait tout bien pu faire l’affaire. La minifig de Maisie n’a pas grand intérêt car nous la retrouvons avec son bonnet dans La capture des Vélociraptors Beta et Blue. Seule la chemise de bûcheron d’Owen est exclusive. Dans l’ensemble, payer 20 € pour 94 pièces et des minifigurines bof bof, c’est une décision d’achat audacieuse. 

Néanmoins, le gros point noir de ce set est le buggy. Le film énonce clairement une « catastrophe écologique » fictive, alors qu’une vraie est en court avec le réchauffement climatique. Il est dommage que les designers aient préféré un véhicule polluant alors qu’une solution vraiment sympa leur tendait les bras : La cavalcade des Parasaurolophus et des poneys.

LEGO 76943 La cavalcade des Parasaurolophus et des poneys.

C’est mieux, non ? Et nous faisons d’une pierre, deux coups : le buggy inutile dégage et nous rajoutons un poney et un Parasaurolophus. En plus, c’est raccord avec les images vues dans la bande-annonce. Franchement LEGO, je suis très déçu par votre manque d’ambition. Embauchez-moi.

"Tout doux Kangourou Licorne!"

La capture des Vélociraptors Beta et Blue 76946

Après des années de thérapie, Maisie Lockwood a surmonté le traumatisme de l'Indoraptor.

Nous poursuivons notre périple avec ce petit set à 30 € pour 181 pièces. Commençons par voir ce qui est raccord avec le film. Tout d’abord la minifig de Maisie Lockwood (mais si, la fille qui se planque sous le lit, là, dans l’autre film) est relativement fidèle. Comparez avec l’image ci-contre : le bonnet, les. cheveux, la veste, le pendentif et le vélo, ça colle plutôt bien.

Nous retrouvons également Blue, la seule raptor sympa de la franchise, qui est désormais la fière maman d’un petit raptor mal nommé. Mais que vois-je ? Serait-il possible que Blue, littéralement « bleu » en français, ait une figurine qui soit de couleur bleue ? Je sais, ça a l’air fou, mais les précédentes figurines de Blue étaient plutôt avares en bleu. Jugez par vous-même :

"I'm Blue Da Ba Dee Da Ba Da"

En définitive, et bien que cela fasse plaisir d’avoir des figurines au plus proche de leurs versions cinématographiques, ça sent quand même le piège à collectionneur : le même dinosaure mais avec des couleurs différentes. Cependant, avouez que bébé Beta assorti à Maman Blue, c’est trop choupinou!

"-Maman, parle-moi encore de papa -Il faisait de la moto comme personne."

Le pick-up fourni dans ce set est vraiment générique. Peut-être apparaîtra-t-il à l’écran. Quand bien même, il n’y a pas de quoi se réjouir. Il est bien fichu mais personne ne va sauter au plafond en le découvrant. Non, parlons plutôt du grand mystère mystérieux : MAIS QUI C’EST CE RAINN DELACOURT ??

La poursuite en moto de l’Atrociraptor 76945

Non mais regardez ! Il est encore là ! Cette fois-ci il a changé de costume, si nous pouvons appeler ça un costume. Un tatouage (de dinosaure ?) au coin de l’oeil droit, un look badass, un imper, des gants dépareillés et… Heu… Une camisole de force avec des feuilles de laitue ? Que de mystères. Mais laissons-le de côté pour l’instant afin d’observer les vrais éléments intéressants de ce set.

Tout d’abord, notons que l’action se déroule à Malte. Encore une fois, nous avons droit au money shot signature Owen + moto + Raptor. Bon point : la moto est rouge comme dans le film. Mauvais point : la minifig d’Owen est la même que dans cinq autres sets. Ça sent les économies de bouts de chandelle, bien que sa tenue soit à peu près conforme à la scène en question.

Mais qui es-tu Rainn Delacourt ?
"Bon les gars, on va ressortir la bonne vieille recette moto-raptor..."
"...Mais cette fois-ci, c'est totalement différent! La moto est rouge!!"

Maintenant vous vous demandez sûrement : mais qui est le gogol qui a choisi le nom de ce Raptor ? pourquoi ce nom d’Atrociraptor ? La réponse nous vient du réalisateur Colin Trevorrow : « Là où le Velociraptor est un peu plus un chasseur furtif, les Atrociraptors sont un peu plus brutaux. Ces choses fonceront vers vous. Et dans ce cas particulier, ils ont flairé [l’odeur d’Owen], et ils ne s’arrêteront pas tant qu’il ne sera pas mort. Ils sont assez brutaux. Ils sont assez vicieux. » Je dirai même plus, ils sont assez… atroces (gné hé hé).

Pour résumer, pour 20 €, vous avez presque le double de pièces (169) par rapport à La course-poursuite du Ptéranodon 76943, vendu au même tarif. Vous avez également un raptor à la place du ptéranodon, une moto à la place d’un buggy moche, deux petits dinos à la place de fruits de mer, et enfin, une « fosse de combat rotative pour les dinosaures » à la place d’un stand de poissons. À titre personnel, j’avoue avoir une petite préférence que je garderai pour moi (mais il y a des indices).

Cadeau idéal pour les enfants dès 6 ans, qui pourront recréer des scènes du film.

L’évasion du T. rex et de l’Atrociraptor 76948

Notez qu'Owen tient la seule arme efficace contre des dinosaures : un vrai flingue.

Ah ! Les choses sérieuses commencent. Et par sérieuses, comprenez « onéreuses ».  Alors que nous propose LEGO pour 90 € ? Déjà 466 pièces, ce qui n’est pas un ratio prix/pièces fou-fou. Les oursins nous piquent dans les poches. Comme le set précédent, l’action se situe à Malte et contient aussi un Atrociraptor. Le camion, qui peut accueillir 2 Atrociraptors, est… Attendez une minute… ATENDEZ UNE MINUTE! « (un autre Atrociraptor se trouve dans le set 76945) ». « Le set peut être combiné avec La poursuite en moto de l’Atrociraptor (76945). »

Non, vous ne rêvez pas : LEGO nous fait le coup du set en kit! Plutôt que de nous mettre les deux Atrociraptors et la moto, il faut donc se coltiner deux figurines identiques d’Owen Grady et de Rainn Delacourt (Mais qui es-tu ténébreux inconnu ?). Les exemples récents de sets en kit sont ceux de la gamme Harry Potter, mais ils permettent de construire pièce par pièce le château de Poudlard. Ici, les quelques pièces jetées dans la boîte pour faire un décor veulent nous faire croire que nous sommes à Malte. Les ensembles Jurassic World n’ont que rarement brillé par la qualité des bâtiments (coucou le Manoir Lockwood!), mais à ce niveau, c’est insultant.

Malte, son architecture, ses dinosaures, ses escapades à moto.
Quand tu commandes une cage à T. Rex sur Wish.

Cette fâcheuse habitude de faire des économies à cause d’une licence trop chère/des nouveaux moules de figurines/de l’appât du gain (rayez la mention inutile) nous amène à des absurdités flagrantes. Avant de râler, oui ce n’est qu’un jouet. Mais le marché qui « présente un enclos avec fonction évasion pour le T. rex » (disponible avec des couleurs inédites, NDLR), c’est une appellation pompeuse pour dire « un enclos trop petit pour un lézard tueur géant qui peut enjamber la porte sans aucun effort ». Le camion est quant à lui très joli (mais je n’y connais rien en matière de camion).

Question minifigurines, le mystère s’intensifie ! Nous retrouvons pour la troisième fois Rainn Delacourt, toujours inconnu au bataillon. Il doit vraiment être super important pour apparaitre aussi souvent. Pour rajouter encore plus de confusion, voici qu’un second personnage mystère nous est livré dans le set : Soyona Santos. Autant vous le dire tout de suite, ni l’un, ni l’autre ne figure sur la fiche du casting ! Bon, il suffit de repérer les deux acteurs crédités qui n’ont pas de rôle attitré : Scott Haze et Dichen Lachman. ET OH MON DIEU ! LE TATOUAGE ! *SPOILER ALERT*

Soyona Santos et Rainn Delacourt ne sont qu'une seule et même personne! Nous sachons!

L’embuscade en avion du Quetzalcoatlus 76947

Ce set est un peu à part puisqu’il met en scène un Quetzalcoatlus, tout nouveau, tout beau ptérosaure à rejoindre la gamme. Sur l’image ci-dessus, il est difficile de se rendre compte de la taille du bestiau. Dans ce cas précis, nous pouvons parler de (très) grosse dinde. Et c’est peu dire, l’animal étant, avec ses plus de dix mètres d’envergure, l’un des plus gros spécimens volants de l’histoire de la Terre. Ça méritait bien une grosse minifigurine de 30 cm !

Le mâle en rut commence son rituel d'accouplement.
Le Quetzalcoïtus débute son étreinte torride.

L’animal est majestueux, l’avion un peu moins, quoique relativement similaire à celui du film. Ce qui est un bon point, il me semble. Un petit bémol tout de même: le nez de l’avion n’est pas aussi beau qu’il aurait pu l’être. Et ce n’est pas les gros stickers qui sauvent le look. Tant pis, après tout, ce n’est pas le pire ensemble de cette vague, loin de là. Mais avec 50 € pour 306 pièces, nous restons dans la tranche haute de vidage de compte en banque.

Quand l'hyperpropulsion tombe encore en panne.

Côté minifigurines, nous avons encore le droit au même Owen Grady (on ne change pas une formule payante), à la même Claire Dearing (on ne paye pas une formule changeante), et une même… Oh! Non, attendez! Mais oui, c’est bien une minifigurine inédite! Kayla Watts, pilote de son état et interprétée par DeWanda Wise, connue pour ses rôles dans Un papa hors pair ou encore Nola Darling n’en fait qu’à sa tête. Ça ne vous dit rien? Moi non plus. J’aurais essayé.

Oui, j'ai vu ton père (qui a dépensé sans compter).

L’embuscade du Tricératops en pick-up 76950

J’ai déjà parlé de ce set dans un précédent article. Donc je vais recycler, car c’est bon pour la planète. Je disais donc que les minifigs sont très génériques et la seule nouveauté est une nouvelle tampographie pleine de cicatrices pour le Tricératops. C’est visuellement réussi et donne à ce paisible herbivore un air badass. Les véhicules ne suscitent aucune émotion particulière chez moi (le buggy aurait pu être remplacé par un poney). Notons au passage l’évolution des seringues, passant du Pfizer au Moderna vert au jaune.

Comme vous pouvez le voir, c'est tout noir.

Le transport du Pyroraptor et du Dilophosaurus 76951

Pyroraptor attaque Lance-Flammes!

Ce set aussi faisait partie des premiers dévoilés et donc a déjà été mentionné ici. Côté dinosaures, on remarquera surtout l’ajout du Pyroraptor au bestiaire. Oui, je sais, c’est un nom de Pokémon. Attendons de voir le film avant de juger (pitié, faites qu’il ne crache pas de flammes). La figurine est tout de même très jolie avec une belle palette chromatique et de jolies plumes bleues. Le Dilophosaurus n’est pas inédit (vu là), mais c’est ma version préférée car plus kawaii fidèle au film.

"SALUT COLLERETTE!"
"WESH MA PLUME!"

Du reste, je trouve ce set à 45 € pour 254 pièces vraiment attractif (ça vous épate n’est-ce pas ?). Deux dinosaures très réussis, un tout-terrain qui est ancré dans l’univers Jurassic World avec ses stickers biosyn. Il a un vrai cachet et n’a pas l’air d’être sorti du tiroir d’un designer à la dernière minute. Cerise sur le gâteau : les minifigurines de Ian Malcolm, Ellie Sattler et Alan Grant Figurante-Non-Créditée-au-générique.

Ils sont partis sans moi :'(

L’évasion du T. rex 76944

Vous êtes toujours là? Parfait. Soyez rassurés, nous voici arrivés à l’avant-dernier set de cette grosse vague Jurassic World. Il est presque inutile de préciser, au vu de ses fonctionnalités de construction très basiques, qu’il est destiné aux plus jeunes de quatre ans et plus. Il ne faut pas s’attendre à autre chose qu’un jouet pour les plus petits et dans l’ensemble, il remplit parfaitement son rôle. Observons donc ce que ce set nous propose.

LEGO 76944 Box

Tout d’abord un « aéroport détaillé ». Bon, c’est un jouet pour enfants, ils sont censés avoir beaucoup d’imagination. Et, effectivement, il y a bien un aéroport dessiné sur le visuel de la boîte. Pas d’avion donc, mais un héliport avec un petit hélicoptère mignon et un poney buggy.

Contrairement à La course-poursuite du Ptéranodon 76943, les enfants seront ravis d’avoir un vrai dinosaure, et pas n’importe lequel! Le majestueux T. rex, fourni ici dans un coloris inédit assortit au vert de l’aéroport. C’est criard, c’est un jouet pour enfants, ils ont mauvais goût.

Quand tu retombes sur des vieilles photos de toi.

LEGO fourni ici trois minifigurines totalement inédites, ce qui obligera les collectionneurs à acquérir cet ensemble valorisé à 50 € pour 140 pièces. Au passage, cela fait de lui le set au ratio prix/pièces le plus élevé de la gamme. Les banquiers de LEGO vous remercient pour votre achat. Bon, c’est un jouet pour enfants, ils ne sont pas des acteurs économiques efficients.

Devinez où se trouve la seule minifigurine originale d’Owen Grady avec un imper et sa chemise de bûcheron que l’on voit dans la bande-annonce ? Et que dire de celle de Zia Rodriguez ? Mais si vous savez, la paléo-vétérinaire nerd à lunettes dont une minifigurine était proposée dans Le transport du T. rex (75933). Vous ne l’aviez pas reconnu ? Normal, elle s’est offert un relooking. Le torse est particulièrement réussi. Dommage de devoir dépenser autant pour les ajouter à votre collection. Vous pouvez toujours attendre un futur Battle Pack Jurassic World pour les acquérir.

Voilà, nous arrivons à la fin de ce tour d’horizon de cette vague Jurassic World : Le Monde d’après. Il nous reste néanmoins un dernier set à observer. C’est la surprise de dernière minute qui fait mal au porte-monnaie, le plus gros ensemble que vous n’aviez pas vu venir. Celui qui surclasse tous les autres en matière de superlatifs. Vous l’attendiez avec impatience :

*roulements de tambour*

La nurserie des dinosaures 10938

Qu’est-ce que ça fait là ce truc ?

L’attaque du Giganotosaurus et du Therizinosaurus 76949

C’était le gros secret bien gardé de LEGO. Le set ultime de cette vague Jurassic World : Le Monde d’après. Les plus observateurs se seront étonnés de l’absence du Dr Alan Grant malgré son grand retour à l’écran. Et bien, le voici enfin, entouré de (presque) tout le casting ! Henry Wu ramène également sa bioéthique. Mais Oh ! Que vois-je ? Une grossière erreur de LEGO ? *MODE GROS NERD ACTIVÉ* Wu s’est vu retirer son doctorat depuis l’incident de Jurassic World, il n’est plus Docteur ! *MODE GROS NERD DÉSACTIVÉ*

On se calme les enfants!

Nous pouvons comprendre le secret autour de ce set, car il divulgâche allègrement certaines parties de l’intrigue, à commencer par les nouveaux dinosaures. Bienvenue donc au Giganotosaurus, un cousin éloigné du fameux T. rex, et au Therizinosaurus, le « lézard faucheur » à cause de sa ressemblance avec Insécateur. Contrairement aux Pokéraptors, ces deux géants ont réellement existé, et ça fait plaisir.

"Coucou! Il y reste encore de la place dans votre porte-monnaie ?"
"Vous avez perdu vos lunettes Madame?"
"Du calme je suis probablement herbivore. Je n'ai même pas des dents!"

Et sinon, à part les gros dinos, on a quoi pour 130 € ? Déjà 810 pièces, ce qui nous fait un ratio prix/pièces moins honteux que les autres ensembles. Nous avons également, en matière de véhicules, un Super-Copter aperçu brièvement en tout petit dans la bande-annonce (voir image ci-dessous), et encore un buggy moche. Question bâtiment, LEGO nous propose un ascenseur panoramique et un labo tellement rachitique qu’il est en forme de L pour tenir debout. Ce qui confirme donc que les pires bâtiments proviennent de la gamme LEGO Jurassic World.

Comme vous pouvez le constater, l’hélicoptère LEGO est très ressemblant à celui du film.

Ainsi s’achève ce tour d’horizon des nouveaux ensembles LEGO Jurassic World : Le Monde d’après. Vous pouvez maintenant sortir votre CB et faire ce que vous voulez de votre argent. Et comme je sais que cet article est très long, voici un petit récap’ pour vous faciliter la vie.

Toutes les nouveautés LEGO Jurassic World 2022

ImageRéférenceNomPiècesPVCDisponibilité
LEGO 76943 Box76943La course-poursuite du Ptéranodon9419,99€LEGO
LEGO 76944 Box76944L’évasion du T. rex14049,99€LEGO
LEGO 76945 Box76945La poursuite en moto de l’Atrociraptor16919,99€LEGO
LEGO 76946 Box76946La capture des Vélociraptors Beta et Blue18129,99€LEGO
LEGO 76947 Box76947L’embuscade en avion du Quetzalcoatlus30649,99€LEGO
LEGO 76948 Box76948L’évasion du T. rex et de l’Atrociraptor46689,99€LEGO
LEGO 76949 Box76949L'attaque du Giganotosaurus et du Therizinosaurus810129,99€LEGO
LEGO 76950 Box76950L’embuscade du Tricératops en pick-up21044,99€LEGO
LEGO 76951 Box76951Le transport du Pyroraptor et du Dilophosaurus25444,99€LEGO
LEGO 76956 Box76956L’évasion du T. rex de Jurassic Park121299,99€LEGO
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🔎 Brickanalyse : l’attaque des Dark Troopers

Les Dark Troopers

Si vous avez dépensé 160 € dans Le croiseur léger impérial, vous vous êtes dit « trop bien ! Ça me fait un nombre pair de Dark Troopers ! » Car oui, l’unique raison d’être de ce set est d’être un Dark Troopers Battle Pack. Et là, patatras ! Le blaster n’est pas le même… Tant pis pour la cohérence. Bonne nouvelle cependant, si vous achetez ce set en double, vous aurez six Dark Troopers (et un long couloir) avec les mêmes Pew Pew. Heureusement pour nos amis maniaques qui veulent un nombre pair de Dark Troopers que ce set n’est pas trop cher. C’est presque comme si LEGO l’avait fait exprès. Mais je vois le côté obscur partout. « Toujours par deux ils vont… » (Mais en vrai il y a dix Dark Troopers donc il faut acheter Le croiseur léger impérial et trois Battle Pack, ou quatre et jetez deux minifigs à la poubelle).

Les autocollants

OK. Pour un prix de moins de 30 €, LEGO nous offre quatre minifigurines (presque) inédites. Il ne faut donc pas s’attendre à un décor de ouf avec les 146 pièces restantes. Pourtant il y a de l’idée. Mais le résultat final est étrange : trop détaillé pour un Battle Pack, pas assez pour un diorama. Et à défaut de pièces, on refait la tapisserie à coups d’autocollants. Quinze (15) [!] autocollants ! Oui, personne n’aime les autocollants. Ça colle et tu trembles et tu te loupes et tu hurles et tu rages et tu pleures et tu te résignes à être un raté. Mais il y a des autocollants pires que d’autres, je parle bien sûr de ceux qui s’appliquent sur des surfaces concaves. Oui c’est de toi que je parle aaaaaAAAaaAAAAHHHHHHaahahahahaaascenseur. 

L’ascenseur

Dans la description du produit, nous pouvons lire ceci : « Le set reproduit la scène dans le croiseur léger impérial lors de laquelle Luke réapparaît, avec un ascenseur qui pivote […] ». Génial! Nous pouvons recréer cette scène d’anthologie à base de plans serrés sur les gouttes de transpirations d’huile de vidange perlants sur les fronts inquiets des Dark Troopers qui scrutent fébrilement les loupiottes de l’ascenseur (en autocollants véritables) s’allumer les unes après les autres, comme un compte à rebours mortel et implacable. La tension (U) et l’intensité (I) grimpent à des niveaux stratosphériques (P=1,21 GW). Prout, le sabre laser se coince quand tu veux tourner la porte.

Ça passe ou ça casse !

Luke Skywalker

Luke Skywalker, maître Jedi comme son père avant lui. Bien qu’Anakin ait suivi la voie royale (filière scientifique, prépa, académie, doctorat), il n’a pas eu la chance de son fils (reconversion, formation professionnalisante intensive, VAE). Avant la performance de Luke avec les Dark Troopers, je trouvais que le rang de maître était vraiment tombé bien bas (facile de réussir un concours quand on est le seul candidat). Mais c’est que le bonhomme en a sous le capot ! *SCHLING* *WIOU**KSCH* (onomatopées de sabre laser) et hasta la vista les méchants robots. Luke est tellement impressionnant que je suis, pour une fois, content d’avoir sa minifigurine. De plus elle est totalement inédite ! Mais pour notre plus grand malheur, les goûts vestimentaires de Luke sont à l’image de sa coiffure : ringard et pas inspiré. Tout est si basique chez lui que je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée émue pour les designers en charge de sa minifig : « Ça va être tout noir! » 

Quand tu déverrouilles le skin Jedi Master.

Oh tourniquet !

Ben quoi ? Ça reste Disney. La légende dit qu’on se servait du générique de La Maison de Mickey pour torturer les prisonniers à Guantánamo. Ha ha ha! Non c’est faux (c’est interdit par la Convention de Genève). C’est tout ce que j’avais à dire sur le sujet.

Les fonctionnalités amusantes

Ici, LEGO nous vend « une plateforme de la Force qui coulisse pour repousser les Dark Troopers ». Vous pouvez admirer le fonctionnement du mécanisme avec le schéma ci-joint. En gros, ça coulisse. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est beaucoup d’efforts de la part du designer pour un effet qui n’apparaît qu’une fraction de seconde à l’écran. Ne boudons pas notre plaisir, c’est bien réalisé et ça amuse décroche un sourire furtif au coin des lèvres accompagné d’un petit souffle saccadé par les narines. Bon. Voilà. Pour ma part, je trouve tout de même qu’on assiste plus à un Moonwalk de Michael Jackson qu’à la toute-puissance de la Force. Mais personne n’est assez con pour confondre un croiseur impérial avec un dance floor

"Ani are you OK? Are you OK? Are you OK Ani?"
Disco Luke mais que fais-tu là ?

Gné hé hé hé!

Lego Star Wars™

L’attaque des Dark Troopers™ 75324

Note brickosophy:
4.5/5

29,99 €

(PRIX À TITRE INDICATIF)​

Fêtez le retour de Luke Skywalker dans Star Wars : Le Mandalorien Saison 2 avec L’attaque des Dark Troopers (75324), pour les fans de 8 ans et plus. Le set reproduit la scène dans le croiseur léger impérial lors de laquelle Luke réapparaît, avec un ascenseur qui pivote, une plateforme de combat rotative et une plateforme «  de la Force » qui coulisse pour repousser les Dark Troopers. Avec 4 minifigurines LEGO® : Luke Skywalker (nouveauté de mars 2022) avec un sabre laser et 3 Dark Troopers armés de fusils blasters.

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Prendre exemple sur les Tournesols et chercher son rayon de soleil

C’est l’histoire de deux tournesols

Youpi les amis, c’est le printemps ! 2022 nous a bien gâté déjà ! Le niveau est haut. Et comme c’est de saison, parlons un peu des fleurs chez LEGO. Après les Tulipes (40461) pas franchement réussies et, à l’inverse, les superbes Roses (40460), LEGO poursuit dans le floral avec les Tournesols (40524). Alors pourquoi ne pas faire une petite review de ce nouveau set dans la joie et la bonne humeur ? C’est parti ! C’est l’histoire de deux tournesols qui rejoignent la série des duos floraux. Et ils se montrent dignes de la qualité qu’on est en droit d’attendre des ensembles LEGO Creator Expert ! Le montage est rapide, quoique répétitif avec tous les pétales. Mais voyez le bon côté des choses : vous aurez un énorme stock (24) de pétales en Bright Light Orange, couleur totalement inédite pour cette pièce. Vous pourrez embellir vos MOC avec un soupçon d’automne. L’aspect général est convaincant et apporte une touche lumineuse à mon bureau. De quoi accrocher mon regard quand je rêvasse en écoutant d’une oreille distraite la radio. 

C’est deux histoires de tournesols

Il arrive que les événements s’entrechoquent fortuitement. Abreuvés que nous sommes, en permanence, par un torrent d’informations en continu, nous perdons notre capacité d’analyse. Prendre un certain recul, faire un pas de côté, observer sous un angle différent les petites briques accumulées au long cours par des inférences abductives visuelles. Chercher la pièce manquante, celle qui se refuse obstinément à notre regard. Et soudain, la voici qui apparaît par magie, du moins le pensons-nous, alors qu’elle n’a jamais bougé. Ce qui a changé, ce n’est pas l’architecture du réel, mais la vision que nous portons sur notre monde. Nous voyons enfin ce que nous voulions voir. Chercher une brique précise dans la multitude de ses semblables, c’est trouver ce qui nous manque, quitte à en être possédé, fiévreux, voire extatique. Nous ne désirons que ce qui nous manque. Mais est-on certain de ce que l’on désire ? Je ne désirais pas entendre ces informations à la radio, mais les tournesols font l’Histoire.

C’est l’histoire de deux tournesols 

Désolé ma chérie, papa utilise parfois des mots compliqués, mais ce n’est pas de sa faute. Les adultes sont comme ça, ils aiment rendre les choses plus difficiles à comprendre pour avoir l’impression que ce qu’ils font est important. Pire, ils essayent de faire croire que les choses simples comme les jouets ne sont qu’une perte de temps. Alors ils rendent les jouets compliqués. On ne doit plus s’amuser avec, ils doivent nous apporter une expérience unique. Pas de la joie, non. De l’autosatisfaction et de la fierté. Car la joie est communicative alors que la fierté n’apporte qu’envie et jalousie. On ne joue pas avec les autres adultes, on les impressionne pour nous sentir meilleurs qu’eux, pour les dominer. C’est l’histoire de deux tournesols. On ne les plante pas, on les construits. Ils ne se mangent pas, ils embellissent. Ils ne faneront pas, ils dureront tant qu’ils ne sont pas détruits. En quand bien même des brutes les détruiraient en totalité, tant qu’il reste un enfant, ils peuvent être rebâtis. 

Lego Creator Expert

Tournesols

Note brickosophy:
5/5

12,99 €

(PRIX À TITRE INDICATIF)​

Les tournesols ajoutent instantanément une touche de bonheur et d’optimisme autour d’eux. Vous pouvez désormais construire votre propre version en briques de cette fleur très appréciée, grâce au set de construction Tournesols LEGO® (40524) vibrant de réalisme.

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«Prenez ces graines et mettez-les dans vos poches...
...comme ça au moins des tournesols pousseront quand vous serez tous au sol, ici»
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Les gros problèmes de LEGO City

Une journée paisible à LEGO City commence.

Le titre de l’article est putaclic

Le magazine LEGO Life est un trimestriel disponible gratuitement pour les enfants et est le pendant papier de l’application du même nom. C’est un outil de marketing de contenu – et de contenu de marque – destiné aux enfants. Pour résumer, c’est la version moderne du catalogue LEGO en plus ludique et éditorialisé. Contrairement aux périodiques disponibles chez les marchands de journaux, le magazine LEGO Life est gratuit. Et, selon l’adage, si c’est gratuit, vous êtes le produit. 

Nous y retrouvons naturellement les derniers ensembles de la marque. Néanmoins, ils sont présentés de façon moins frontale : pas de prix, de noms ou de références. En outre, ils sont agrémentés de nombreux jeux, BD et articles à la gloire de LEGO. En somme, c’est la Pravda jeunesse dont le but est d’augmenter l’exposition de la marmaille aux produits et donc de casser les pieds des parents pour qu’ils les achètent. Bref, que les enfants prescripteurs influencent les décisions d’achat des parents. 

Le magazine LEGO Life, ce n'est pas de la propagande, c'est une opération d'information spéciale. Gloire à LEGO!

La vérité est ailleurs

Intéressons-nous à ces fameux jeux qui servent d’enrobage aux dernières nouveautés de la marque. Plus précisément à l’appel à l’action proposée par un jeu spécifique. Résumons. Une pleine page dessinée rassemble les nouveautés LEGO City à travers des mises en situation pour le moins loufoques. Dans un encart en bas de page, le Dr Spetzel (sic) nous interroge sur les événements surprenants susceptibles de se produire à LEGO City. Sur la base de ce qui nous est donné à voir, il nous invite à une relation épistolaire afin de partager le fruit de nos réflexions. 

Contrairement à ce que suggère ma prose ampoulée, ce jeu est simple et incite à la créativité des enfants. Malheureusement, nous rencontrons ici un problème philosophique intrinsèque à l’oikeiopragia de LEGO City. Platon, dans La République, propose ce principe d’adéquation de l’individu et de la tâche. Chacun doit s’occuper de ce pour quoi il a un talent naturel – faire ses propres affaires ne signifie plus faire pour soi-même mais faire ce que l’on est soi-même le plus apte à faire. 

LEGO Life Magazine JAN. - FÉV. 2022. Une page qui restera dans les annales.

Les minifigs naissent libres et LEGO…

En effet, dans LEGO City, chacun est à sa place et ne varie pas du rôle qui lui est attribué. Il n’y a aucune mobilité sociale et chaque personnage est la caricature de sa propre fonction. Ainsi, il ne peut évoluer dans cette dernière qu’avec une marge de manœuvre réduite, ne laissant que peu de place à l’improvisation. L’individu est prisonnier de sa mission, derrière laquelle s’efface sa personnalité. Le policier police, le voleur vole et le tankiste t’enc… le médecin ausculte.

« Ça fera $37. – GÉNIAL! »

D’ailleurs, cette fonction est gravée dans leurs chairs, ou plutôt imprimée sur leur torse, voire leurs visages. L’exemple le plus frappant est la figure du voleur. Il ne peut se défaire de son masque tatoué et sa seule raison d’être est de justifier l’infrastructure policière. Sans lui, aucune prison ne verrait le jour. Il est sur la ligne de crête : son infraction doit être délictueuse pour justifier une incarcération, mais ne doit pas dépasser la ligne rouge du crime, impensable dans un jouet destiné aux enfants. Pas de meurtre dans l’utopie joyeuse de LEGO City.

"La seule prison est celle qu'on a dans la tête" dit l'écureuil. "Et retire ce masque idiot" ajouta-t-il.

…Mais certains sont plus LEGO que d’autres

Nous pouvons appliquer cette logique à d’autres infrastructures de la cité. L’hôpital, par exemple, ne comporte qu’un IRM, une maternité et une salle de jeux pour les enfants. Pas de bloc opératoire, ni de soins intensifs et encore moins de service de réanimation. À LEGO City, il ne fait pas bon d’avoir son pronostic vital engagé. Ici, les infirmiers sont remplacés par un clown (à moins qu’il ne s’agisse du directeur de l’établissement). Là encore, civière et ambulance trouvent leur légitimation avec le personnage du cascadeur, lui aussi prisonnier de son rôle d’éternel accidenté. Malheur à lui en cas d’hémorragie interne.

Quoi ? Tout n’est pas super génial ? On m’aurait menti ??

Dès lors, l’intitulé du jeu est déstabilisant. Comment imaginer des événements surprenants alors que les règles intrinsèques de la ville LEGO empêchent par essence toute forme de transgression ? Les habitants jouent leur rôle dans une enfilade de poncifs et semblent totalement hermétiques aux inférences abductives, c’est-à-dire d’avoir un raisonnement qui établit une cause la plus vraisemblable à un fait observé. Umberto Eco appelait ce procédé la « méthode du détective ».

La liberté c’est l’esclavage

Derp par jaysbrickblog.com

Par conséquent, nous assistons à des scènes improbables dont les causes ne viennent pas d’une quelconque bêtise de la part des habitants. Prenons l’exemple de la policière : elle possède une voiture de fonction permettant de larguer des chausse-trappes afin d’établir des barrages filtrants. Sans surprise, elle remplit à merveille cette fonction qui lui est attribuée. Mais son expertise, son raisonnement et son libre-arbitre s’arrêtent là. 

Effectivement, plutôt que de poursuivre logiquement son action, à savoir un contrôle d’identité, une interpellation, demander des renforts, son script s’arrête abruptement et se contente de commander une glace aux voleurs. Pire, son incapacité à se détacher du mandat qui lui est conféré la condamne à échouer cette interaction basique. Sinon, comment expliquer qu’elle commande un sorbet parfum vanille, chocolat et brocoli ?

L’ignorance, c’est la force

Dans ces conditions, LEGO City partage de nombreuses similitudes avec le monde de Westworld. En somme, un parc d’attractions où les conséquences n’ont aucune répercussion sur les événements et les enjeux de causalité suivent un script invisible au premier abord, et ce, afin de cadrer l’expérience de jeu. Les protagonistes ignorent les règles qui régissent leur monde et qu’importent les éléments perturbateurs, tout sera reconstruit à l’identique le lendemain. 

Pour conclure, revenons à notre cher Dr Spetzel qui nous invite à la délation auprès de Max afin de lui dire quel type d’événements surprenants pourraient se produire à LEGO City. Il serait plus juste de demander quels résultats surprenants pourraient ne pas se produire dans une ville où l’effacement de l’individu derrière sa fonction est à son paroxysme jusqu’à l’absurde. Mieux, pourquoi la société ne s’est-elle pas déjà effondrée à LEGO City ?

Ces gens n'ont pas conscience d'être cons et remplissent leur rôle à la perfection.
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Des porte-clés personnalisés

C’est bien connu, le porte-clés est la seule invention qui permet de perdre toutes ses clés d’un seul coup, plutôt qu’une par une. Malgré ce défaut, il est néanmoins un accessoire indispensable dans la vie quotidienne. Dans la mesure où il constitue un signe ostentatoire de votre personnalité, au même titre que la couleur de vos chaussettes, il convient de le choisir avec discernement. Et, quelle coïncidence fortuite du hasard, Lego s’apprête justement à lancer un set sobrement intitulé La méga-boîte de porte-clés – Messages (41949).

Nos goûts nous trahissent

Objet fétiche par excellence, nous projetons plus ou moins consciemment sur le porte-clés une part de nos affects. Comme le relevait Pierre Bourdieu dans son essai La Distinction (1979), nos goûts nous trahissent beaucoup plus profondément que nos opinions. Dit autrement, nos préférences culturelles expriment notre position dans le monde social. Le porte-clés devient alors un subtil objet de distinction donné à voir et auquel nous nous identifions. C’est la raison pour laquelle il convient de choisir ses attributs avec circonspection et sagacité.

Baba cool, gothique ou crotte rose... Choisi ton camp camarade.

Lorsque vous posez négligemment votre trousseau de clés sur la table du bar lors de l’after work avec les collègues, vous dévoilez un peu de vous-même dans le but inavoué d’impressionner la galerie avec le porte-clés de votre 205 GTI Turbo. Et, de toute évidence, en tirer une certaine fierté. De surcroit, nous pouvons appliquer ce raisonnement à peu près à tout. Nous exposons aux yeux du monde notre capital culturel et économique et finalement, notre position relative à l’intérieur d’un espace social.

Contrairement aux apparences, cette image promotionnelle ne date pas des années 80. Un sac banane, sérieusement ?

Détourner et personnaliser

Jusqu’à présent, nous avons constaté que l’utilité des objets dépasse ses fonctions premières. Dans le cas du porte-clés, nous pouvons le réduire à sa plus simple expression qui est de maintenir plusieurs clés ensemble. Ce rôle est généralement tenu par un anneau, auquel s’ajoute généralement un appendice. Et c’est véritablement ce dernier qui ouvre le champ des possibles.

En effet, le potentiel de distinction réside dans la personnalisation et le détournement de cet accessoire. Dévoyer la fonction première d’un objet peut servir à se démarquer des autres, à étaler son panache, à asseoir sa supériorité culturelle, créative et intellectuelle. Ultime transgression : l’objet perd son sens premier et le porte-clés ne sert plus à porter des clés, mais nos prétentions sociales. Illustrons nos propos avec l’exemple d’un poète des temps modernes :

C’est beau, c’est authentique, c’est disruptif. Il fallait y penser. Mais en réalité, il n’est pas donné à tout le monde de mettre en adéquation son aspiration d’émancipation et de distinction avec les ressources et le talent nécessaire pour y parvenir. C’est précisément là que le génie marketing entre en action et nous sort de son chapeau magique un concept audacieux :

La customisation standardisée

Tout d’abord il faut dire que dans notre monde consumériste, notre temps est compté. D’ailleurs, le philosophe Jean-François Lyotard nous alertait dans son essai Le postmoderne expliqué aux enfants (1993) que « dans un monde où le succès est de gagner du temps, penser n’a qu’un seul défaut, mais incorrigible : d’en faire perdre. »

C’est pourquoi peu de gens peuvent se permettre une réflexion introspective sur qui ils sont vraiment. Dès lors, il est difficile de se démarquer si on ne sait pas en quoi nous sommes singuliers. Et quand bien même nous y parviendrions, il faudrait encore trouver l’inspiration. Une autre perte de temps superflue. 

Heureusement pour nous, ces petits désagréments peuvent être sous-traités à des gens qui ont pris la peine de nous prémâcher le travail. Ils posent ainsi un cadre défini dans lequel nous pouvons nous exprimer librement. Pratique. Et voilà le marché du prêt à customiser qui nous ouvre grand les bras, pour peu qu’on ouvre grand le portefeuille. Choisi ton style camarade…

Big brain time

L’oisif créatif

Dire que la création avec des briques Lego est fainéante est de mauvaise foi, j’en conviens. Il est effectivement vrai que nous sommes limités par les formes et les couleurs mises à notre disposition. La contrainte pose donc un cadre dans lequel nous devons nous exprimer. Cette limitation est à double tranchant : soit nous nous y résignons, soit nous la dépassons pour sublimer nos créations. 

Bien évidemment, des modèles à reproduire sont fournis avec le set et les paresseux pourront y trouver leur compte. Mais là n’est pas le but et tout est fait pour encourager la transgression des instructions. Tout est certes balisé, mais cela ne rend le défi, s’il est relevé, que plus gratifiant à atteindre. Au final, la force des briques Lego n’est-elle pas que, quel que soit l’agencement choisi, le résultat sera toujours une réussite visuelle et créative ?

29,99 €

La méga-boîte de porte-clés - Messages LEGO® Art

4/5
14,90 €

Porte-clés personnalisés en macramé

3.5/5
43,78 €

Porte-clés en cuir gravé avec photo

3/5