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🔎 Brickanalyse : Optimus Prime

Le set LEGO 10302 Transformers Optimus Prime. (photo : Brickosophy)

L'envers du décor n'est pas reluisant.

La tête

De face, la tête d’Optimus Prime est convaincante et très détaillée, surtout si nous la comparons à la tête de la Statue de la Liberté (21042).  Il faut dire qu’une tête de robot est plus facile à réaliser avec des briques anguleuses. Pour ajouter du détail, LEGO n’hésite pas à nous fournir non pas une, mais bien deux pièces tampographiées. C’est la fête! Mais ça se gâte si nous observons le modèle de profil. D’une part, nous nous rendons compte que le crâne est très en retrait pour le plus grand bonheur des fans de Rob Liefield (voir ci-dessous). D’autre part, tout le monde a un meilleur profil, sauf notre cher (170 € tout de même) Optimus Prime qui a une face de compression de César (insulte rare).

Il n'y a qu'un seul dieu sur Terre, c'est Arnold Schwarzenegger. C'est probablement ce qu'a dû se dire Rob Liefild en réalisant cette horreur.

À gauche un jouet Happy Meal de 2018, à droite un modèle LEGO à 170€.

Les mains

Les grosses paluches d’Optimus Prime sont plutôt bien fichues. Le pouce est totalement articulé, mais les trois autres doigts sont maintenus par une plate 1×3. Il suffit néanmoins de la retirer pour dissocier les doigts et donner libre cours à votre imagination pour créer les poses les plus créatives. Notons au passage l’astucieux moyen de fixation du canon à ions qui se fait sur l’avant-bras. *PEW PEW*

Des doigts articulables pour une pose dynamique.

L’articulation du coude

Avec ses 19 points d’articulation, ce modèle d’Optimus Prime permet étonnamment une grande variété de poses et le tout est relativement solide. Maaiiiiis… il faut tout de même souligner que l’Autobot manque de biceps. Lorsque le canon à ions est entre ses mains, l’articulation du coude peine à supporter le poids du flingue. Cheh.

Les lombaires

Afin de pouvoir transformer le robot en voiture, il est nécessaire pour lui de faire du limbo. Et on le sait, c’est un coup à se faire une hernie discale. C’est là le plus gros point faible structurel du modèle. Une brique ronde 4×4 flanquée d’une barre technique permet de faire pivoter le torse et constitue l’unique jonction avec les jambes. Autant dire que c’est léger et se décroche très facilement pour peu qu’on manipule ce pauvre Optimus Prime. J’ai d’ailleurs fracassé mon Optimus Prime une demi-douzaine de fois pendant la rédaction de cet article. Cheh.

Le limbo ça fait mal au dos. Remarquez la hernie discale au centre de la photo.

La plaque amovible

La présentation du produit nous promettait, je cite, une « conversion sans reconstruction » et qu’ « Optimus Prime se transforme en camion sans avoir besoin de le démonter. » Sans reconstruction vraiment? Non, une plaque résiste encore et toujours. Dommage, c’était presque un sans faute. Pour les plus chafouins, sachez qu’un fan avec de la suite dans les idées a trouvé un moyen d’intégrer les deux plaques sans avoir à les retirer. Et ça, c’est bien.

Les jambes

Deux vilains autocollants à coller, c’est un moindre mal. D’autant plus qu’il convient de noter que les pièces d’épaule avec le logo Transformers sont tampographiées. Les pièces en argent laquées (Silver drum-lacquered LEGO elements dans la langue de la perfide Albion) sont du plus bel effet, car quoi de mieux qu’un beau camion rouge ? un beau camion rouge et rutilant bien sûr! Gare toutefois aux égratignures qui sont irrécupérables. Mais le plus gros soupir de soulagement poussé sera quand vous découvrirez que les enjoliveurs des roues sont tampographiés et non des stickers abscons impossibles à centrer parfaitement.

Pas de stickers pour les roues. Merci LEGO.

Les pieds

Les jambes d’Optimus Prime sont solides. Vraiment solides (contrairement à son coude). On ne peut qu’admirer le designer qui n’a pas lésiné sur la solidité et sur le nombre de pièces utilisées. Comme dirait Snake, c’est du solide. Pour une fois qu’il n’y a pas des économies de bout de chandelle. Mais nom d’un joint de culasse ! Pourquoi cette pièce du pied se décroche en permanence ? ARG !

Un cube rose

Un cube rose…

un-cube-rose
Un cube rose.

La hache Energon

La hache Energon, toute en pièces trans-orange, a de la gueule. Les piédestaux pour figurines Power Burst (le splash orange) sont bien sentis et l’ensemble est visuellement réussi, à condition de la regarder du bon côté bien entendu. Juste un petit point : il faut retirer le petit poing d’Optimus Prime afin de fixer la hache, mais là encore, faites attention à l’articulation du coude qui souffre aussi du poids. Ça roule des mécaniques mais ça en manque sous le capot.

L'envers du décor n'est pas reluisant.

La plaque de présentation

Aaah! La fameuse plaque qui intronise l’ensemble LEGO dans la cour des grands, l’extirpant de sa vulgaire condition de jouet pour l’amener dans vers les cieux prestigieux des modèles d’exposition. C’est noir, c’est sérieux, mon bon monsieur. Le sticker est toujours aussi prise de tête pour le coller proprement. Mais bon, il faut en passer par là avant de laisser Optimus Prime prendre la poussière sur une étagère, ou la table basse du salon (suggestion de présentation). Comme à l’accoutumée, la plaque est censée nous donner quelques infos techniques, mais les designers ont trouvé drôle de reprendre les stats présentes sur l’emballage du jouet original (voir ci-dessous). Le clin d’oeil est sympa mais aussi utile que le cube rose.

Un graphique illisible, des stats incompréhensibles... C'est quoi l'endurance ? Sa consommation l/100km ?

Mon beau camion

On ne pouvait décemment pas faire l’impasse sur le principal argument de vente de cet Optimus Prime, c’est-à-dire un modèle LEGO® 2-en-1. En effet, comme pour le jouet Hasbro dont le set s’inspire, l’Autobot peut se transformer en camion rouge au prix de 18 étapes plus ou moins simples. Soyons franc, vous n’effectuerez la transformation qu’une ou deux fois avant d’exposer fièrement votre modèle. C’est amusant, mais chacune de mes tentatives s’est soldée par des pièces se décrochant inopinément. J’ai d’ailleurs explosé mon modèle plusieurs fois en le manipulant. Ce sont là les limites d’un set de ce genre. Bye Optimus Prime, on se revoit sur l’étagère au prochain dépoussiérage.

Chauffe Marcel !

LEGO® ICONS™

Optimus Prime 10302

Note brickosophy:
4/5

169,99 €

(PRIX À TITRE INDICATIF)​

Optimus Prime. Commandant des héroïques Autobots. Et désormais un impressionnant modèle LEGO® 2-en-1 pour les fans de Transformers. Réveillez votre passion pour cet univers avec un projet de construction gratifiant conçu pour les adultes, et recréez le moindre détail de ce robot culte.

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Moi aussi j'aime bien Voltron.
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À Lego City, ça roule pour l’écologie

Dans l’univers LEGO, il existe de nombreuses villes canoniques qui correspondent à différents thèmes proposés par la marque. Que ce soit Ninjago City, Newbury (RIP Hidden Side), Heartlake City (Friends), aucune d’entre elles n’est aussi vieille et célèbre que Lego City, la ville historique de la marque. Elle voit le jour en 2005 lorsque les premiers modèles estampillés City sont commercialisés et succède à la gamme Town débutée en 1979. Dans les faits, ces deux gammes n’ont de différence que le logo City apposé sur les visuels des boîtes, consacrant ainsi les ensembles en un thème LEGO officiel.

C’est aussi un record de longévité pour une gamme n’étant pas tirée d’une licence. Inspirée de la vie réelle contemporaine, la gamme peut sembler tourner en rond en proposant régulièrement son lot de commissariats, caserne de pompiers et d’hôpitaux, en somme de services publics. Les impôts sont donc bien alloués, non ? (Non.) Il aura fallu attendre 2022 pour qu’enfin Lego City se dise qu’avoir une école serait une bonne idée pour offrir des alternatives aux carrières dans les forces de l’ordre. Il est d’ailleurs surprenant qu’aucun tribunal n’ait vu le jour, reléguant de fait la justice à un niveau comparable à une dystopie digne de Judge Dredd. Police partout, justice nulle part pour paraphraser Victor Hugo. Cheh.

Du diesel à l’électrique

Ci-dessus

Différents ensembles commercialisés par LEGO dans les années 80 en partenariat avec Shell. 

Mais ce que la ville en briques affectionne le plus après la police et les pompiers, c’est l’automobile sous toutes ses formes. Et qui dit voiture, dit infrastructures, et fatalement énergies fossiles, donc changement climatique. En France, les transports représentaient en 2019 un bon quart de l’empreinte carbone des habitants. On comprend donc aisément que LEGO se devait de réagir afin de sortir d’une position de plus en plus inconfortable.

D’ailleurs, un autre écueil qu’à dû affronter la ville de briques fut la polémique Shell. Jadis, Lego City arborait fièrement le logo de la compagnie pétrolière jusqu’à ce que Greenpeace vienne jouer les troubles-fêtes, forçant LEGO à rompre son partenariat en 2014. On aurait pu croire à un début de prise de conscience écologique et environnementale suite à cette marche arrière de la marque, mais ce ne fut in fine que pour créer sa compagnie pétrolière fictive, Octan.

Le train du greenwashing : légumes bio, voitures électriques et leur borne de recharge alimentée par des panneaux solaires.

Cependant, Lego City évolue avec son temps et introduit de nouveau ensembles avec une thématique forte : la transition écologique. Fini les aéroports, le tout voiture, les hélicoptères ? Alors non, mais il y a des panneaux solaires sur les toits, du recyclage et des voitures électriques. On pourrait trouver la démarche anecdotique mais ce sont des petits pas dans la direction d’une ville en plastique ABS émancipée des énergies fossiles et qui réduit son empreinte carbone.

Il est intéressant de noter que la vague estivale de nouveautés poursuit plus avant la prise de conscience écologique des habitants de Lego City. En effet, si l’on fait abstraction des cascadeurs en tous genres, les ensembles sont fortement marqués par les défis climatiques contemporains que sont l’agriculture biologique, les circuits courts et les mobilités douces. La planète est donc en passe d’être sauvée, non ? (Non.)

Le bingo écomobilité chez LEGO : train, vélo, bus et trottinettes électriques, bornes de recharge et… des toilettes mobiles.

Fresh, c’est cool

En y regardant de plus près, ou plutôt en adoptant une vision d’ensemble, on constate que LEGO a introduit une nouvelle marque en ville, Fresh, à la fois producteur et distributeur agricole. La nouvelle entreprise est lancée en grande pompe, n’hésitant pas à s’afficher un peu partout avec une campagne marketing digne d’une vraie (intrusive et insidieuse). Ayons une petite pensée pour cette pauvre employée obligée de se déguiser en légume pour l’ouverture de l’épicerie.

Nous voici donc en présence d’une entreprise qui s’affranchit des intermédiaires et adopte une stratégie « Farm to fork » (« De la ferme à la fourchette »). Le camion de marché permet d’être au plus près des clients et le transport des marchandises se fait par rail. Le bilan carbone des produits est donc plutôt bon pour Fresh, sauf pour les œufs fermiers élevage plein air récoltés avec amour en quad.

Une campagne marketing agressive est déployée à travers la ville pour le lancement de Fresh.

Côté ferme, l’entreprise adopte une démarche de polyculture-élevage ; les déjections du bétail (bouses, lisiers, crottins, fientes, cacas) retournent au sol pour le maintenir fertile et donc productif. Ainsi, le bien-être des animaux en plastique est visiblement respecté, pour le plus grand bonheur de nos amis végétariens. Du bio, du local, de l’éthique, les habitants de Lego City sont chanceux, sauf pour les prix (3 €/kg de carottes bio, c’est du vol !)

Le bon côté des choses, c’est qu’il y a encore une grande marge de progression…

Au final, la marque Fresh n’est-elle qu’une tentative de greenwashing de LEGO ? Probablement. Son ajout à Lego City est-il une bonne idée ? Assurément. Car malgré quelques détails absurdes, il est important pour des jouets de transmettre aux enfants un imaginaire en adéquation avec son époque. En mettant l’accent sur une alimentation saine et en se détachant des énergies fossiles, LEGO revient de loin et fait des petits pas dans la bonne direction. C’est toujours ça de pris.

La ferme des animaux, probablement.
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🔎 Brickanalyse : La salle du trône de Boba Fett

Le set LEGO 75326 La salle du trône de Boba Fett. (photo : Brickosophy)

L’architecture

Vu de devant, le set est un beau produit d’exposition avec suffisamment d’informations visuelles pour flatter l’oeil. Mais bizarrement aucune image de l’arrière de la construction n’est disponible. Et pour cause. Heureusement, Brickosophy est là pour vous fournir ce magnifique cliché du set de dos, dans toute sa splendeur. Et nous comprenons instantanément pourquoi les photos officielles ne s’attardent que sur la porte d’entrée. Le seul truc sympa ici, c’est le lapin (ne cherchez pas, je l’ai rajouté pour affronter le serpent).

Meh... Dôme-age.

Comme nous le montre le set LEGO 9516 : Le Palais de Jabba (à droite), un toit fait toute la différence.

Soyons honnêtes, de ce côté-ci, il faut vraiment chercher la ressemblance avec le Palais de Jabba Boba Fett. Le rendu général manque de rondeurs et surtout, (surtout!) d’un toit en coupole, élément emblématique de ce bâtiment. Il était pourtant bien présent dans sa précédente version LEGO : Le Palais de Jabba (9516). Vous connaissez peut-être la raison de cet abandon suite à une polémique qui a enflammé le monde musulman. Cependant, cette histoire est si passionnante qu’elle fait l’objet d’un autre article

La porte d’entrée

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La lourde porte d’entrée en duracier accueille les visiteurs téméraires. Le set propose ici une double fonctionnalité : la porte s’ouvre à la verticale et l’œil du Droïde-Portier TT-8L/Y7 (TT-8L=Tattletale=cafteur=Haha) se déploie pour scruter et refouler les visiteurs avec des baskets aux pieds. Cet oeil est composé d’une tile ronde décorée et non pas de la boule technique plus réaliste vue dans le set 4475. C’est regrettable mais nécessaire pour que la porte puisse s’ouvrir correctement (sinon ça coince). D’ailleurs, le globe oculaire est fixé à une barre technique qui permet de maintenir la porte ouverte mais laisse un gros trou dans le plancher du minaret de la tour.

Un schéma vaut mieux qu'une longue explication.
L'œil de TT-8L est la seule chose bien de ce mini set (4475) de 2003.

Le trône

Boba Fett´s Throne par Pablo Olivera

La pièce centrale de cette construction. Et c’est une très belle réussite. Le mécanisme de détrônement est habilement dissimulé et fonctionne très bien. Le saviez-tu? Le trône de Jabba Bib Fortuna Boba Fett est monté sur répulseurs, ceci expliquant qu’il puisse se mouvoir et ainsi ajouter une autre petite fonctionnalité de jeu. Car en déplaçant le trône, vous accédez à un compartiment secret. Vous vous attendiez à la trappe de la fosse du Rancor? Raté. Malgré la présence de la grille d’observation, posée un peu à l’arrache, les seules références au Rancor sont les autocollants, très réussis au demeurant, de part et d’autre des gros accoudoirs. Petite déception tout de même avec les ornements Abyssins (non pas le chat) qui sont réduits à de vulgaires studs dans un pur style abstrait de la gamme LEGO Architecture.

All Hail to the King Baby!

La rôtissoire

Avouez-le, vous n'aviez pas remarqué la rôtissoire.

La salle du trône de Jabba était un lieu de plaisir et de décadence, et les plaisirs de la bouche n’étaient pas en reste. Ainsi, la grosse limace s’était entourée de toute une grande variété de mets à portée de main, poussant le vice jusqu’à installer un barbecue juste derrière son palanquin. Et il faut vraiment n’avoir aucun-amour propre pour rôtir des bavettes d’aloyau de Jerba juste à côté de son lit. Bonjour l’odeur de graillon. Entre les grillades, les chichas, la transpiration et le musc naturel des convives, la salle du trône devait sentir bon la convention geek. Le mur du fond du set LEGO s’ouvre pour nous permettre d’accéder à la rôtissoire, de le faire tourner avec nos gros doigts malhabiles et de lancer notre merguez-partie.

Le Jerba était une vache moche originaire de Tatooine. Pas très sympa pour la ville de Djerba.

L’escalier

La dernière vidéo de L214 expose la cruauté de l’escalier d’abattage.

Parmi les différentes fonctionnalités de jeu proposées dans ce set, les marches qui basculent ont une place à part. La description officielle nous invite à renverser un pauvre garde Gamorréen dans l’escalier le plus meurtrier de la galaxie. Mais soyons précis, si l’on observe en détail l’action, les spectateurs les plus attentifs et pugnaces auront remarqué que l’escalier est innocent. En effet, la chute des pauvres gorets de l’espace aurait pu être évitée en installant une rambarde. Sécurité avant tout. Ceux qui se sont déjà fait une rupture du ligament en loupant une marche et en tombant de 20 cm savent et ne regardent plus les scènes de chutes dans les escaliers avec désinvolture, mais avec un effroi traumatique.

Les drogues

Haut lieu de dépravation, la salle du trône a tout d’une boîte de nuit clandestine. Bien confortablement installé dans l’une des nombreuses alcôves, les convives pouvaient admirer les danseuses exotiques tout en fumant du t’bac au narguilé et en sirotant un verre de Spotchka (½ de Scotch, ½ de vodka). Le set n’est pas avare et nous fournit l’intégralité de la liste. Ajoutons à cela les nombreuses armes, fonctionnalités pour recréer des meurtres et les criminels qui vont avec, et nous obtenons un magnifique jouet destiné aux 9 ans et plus, ainsi qu’un magnifique combo d’enfreintes aux sacro-saintes règles de politiquement correct du fabricant de briques. Rassurez-vous braves gens, tout ceci est fictionnel et n’a aucun rapport avec la vraie vie réelle (on ne sait plus s’amuser depuis le Covid). 

Les minifigurants

Globalement, ce set LEGO est plutôt réussi et sympa. Néanmoins il est surprenant de voir un ensemble assez consistant (100 € pour 732 pièces et 7 minifigurines) se baser uniquement sur une scène post-générique d’une série TV. Pourtant, ici tout est reproduit avec une grande fidélité jusque dans les minifigurines incluses. Et c’est bien ce qui coince. Hormis les figurines de Boba Fett et de Fennec Shand (et dans une moindre mesure Bib Fortuna), les autres personnages présents ne sont que d’illustres figurants qui n’ont que quelques fractions de seconde de présence à l’écran. Même en creusant profondément dans les entrailles du lore de Star Wars, aucun patronyme ne leur est attribué (Rystáll Sant, Tessek, Gartogg et Ak-rev ?) . À peine connaît-on leur race si on est un gros nerd (ou qu’on lit la description sur la boîte). Pour se consoler, notons que les figurines sont très belles et bien fichues. Et rien ne vous empêche de leur trouver des petits noms.

Karen la danseuse exotique, Zoïdberg, Bebop et Bob le moche.

La grille de la fosse du Rancor

Passez votre chemin, il n'y a rien à voir ici.

Malheureusement pour ceux qui espéraient un futur set qui se combinerait pour former un gros palais, il y a peu de chances que cela se produise. Rien dans la construction ne laisse présager de futures fonctionnalités d’assemblage, sauf pour le toit mais l’espoir est ténu. Néanmoins, la grille présente un double intérêt. Fixée au trône, elle permet d’une part de le faire glisser plus facilement, et d’autre part, elle ajoute un peu de profondeur au set. La grille est, par ailleurs, un élément central de la salle du trône et les designers auraient eu tort de se priver d’ajouter cette pièce iconique. Que serait la salle du trône de Jabbba sans sa principale attraction? 

"Ne t'inquiète pas pupuce, je te trouverai une autre niche."

Lego Star Wars™

La salle du trône de Boba Fett 75326

Note brickosophy:
4.5/5

99,99 €

(PRIX À TITRE INDICATIF)​

Écrivez un nouveau chapitre de Star Wars : Le livre de Boba Fett avec La salle du trône de Boba Fett (75326) pour les fans de 9 ans et plus. Le palais s’ouvre pour accéder à la salle du trône, au barbecue et à la cuisine. Le set inclut un trône avec compartiment secret, une fonction « pop-up » pour éjecter Bib Fortuna, des marches qui basculent, une porte qui s’ouvre et de nombreux accessoires.

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🔎 Brickanalyse : l’attaque des Dark Troopers

Les Dark Troopers

Si vous avez dépensé 160 € dans Le croiseur léger impérial, vous vous êtes dit « trop bien ! Ça me fait un nombre pair de Dark Troopers ! » Car oui, l’unique raison d’être de ce set est d’être un Dark Troopers Battle Pack. Et là, patatras ! Le blaster n’est pas le même… Tant pis pour la cohérence. Bonne nouvelle cependant, si vous achetez ce set en double, vous aurez six Dark Troopers (et un long couloir) avec les mêmes Pew Pew. Heureusement pour nos amis maniaques qui veulent un nombre pair de Dark Troopers que ce set n’est pas trop cher. C’est presque comme si LEGO l’avait fait exprès. Mais je vois le côté obscur partout. « Toujours par deux ils vont… » (Mais en vrai il y a dix Dark Troopers donc il faut acheter Le croiseur léger impérial et trois Battle Pack, ou quatre et jetez deux minifigs à la poubelle).

Les autocollants

OK. Pour un prix de moins de 30 €, LEGO nous offre quatre minifigurines (presque) inédites. Il ne faut donc pas s’attendre à un décor de ouf avec les 146 pièces restantes. Pourtant il y a de l’idée. Mais le résultat final est étrange : trop détaillé pour un Battle Pack, pas assez pour un diorama. Et à défaut de pièces, on refait la tapisserie à coups d’autocollants. Quinze (15) [!] autocollants ! Oui, personne n’aime les autocollants. Ça colle et tu trembles et tu te loupes et tu hurles et tu rages et tu pleures et tu te résignes à être un raté. Mais il y a des autocollants pires que d’autres, je parle bien sûr de ceux qui s’appliquent sur des surfaces concaves. Oui c’est de toi que je parle aaaaaAAAaaAAAAHHHHHHaahahahahaaascenseur. 

L’ascenseur

Dans la description du produit, nous pouvons lire ceci : « Le set reproduit la scène dans le croiseur léger impérial lors de laquelle Luke réapparaît, avec un ascenseur qui pivote […] ». Génial! Nous pouvons recréer cette scène d’anthologie à base de plans serrés sur les gouttes de transpirations d’huile de vidange perlants sur les fronts inquiets des Dark Troopers qui scrutent fébrilement les loupiottes de l’ascenseur (en autocollants véritables) s’allumer les unes après les autres, comme un compte à rebours mortel et implacable. La tension (U) et l’intensité (I) grimpent à des niveaux stratosphériques (P=1,21 GW). Prout, le sabre laser se coince quand tu veux tourner la porte.

Ça passe ou ça casse !

Luke Skywalker

Luke Skywalker, maître Jedi comme son père avant lui. Bien qu’Anakin ait suivi la voie royale (filière scientifique, prépa, académie, doctorat), il n’a pas eu la chance de son fils (reconversion, formation professionnalisante intensive, VAE). Avant la performance de Luke avec les Dark Troopers, je trouvais que le rang de maître était vraiment tombé bien bas (facile de réussir un concours quand on est le seul candidat). Mais c’est que le bonhomme en a sous le capot ! *SCHLING* *WIOU**KSCH* (onomatopées de sabre laser) et hasta la vista les méchants robots. Luke est tellement impressionnant que je suis, pour une fois, content d’avoir sa minifigurine. De plus elle est totalement inédite ! Mais pour notre plus grand malheur, les goûts vestimentaires de Luke sont à l’image de sa coiffure : ringard et pas inspiré. Tout est si basique chez lui que je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée émue pour les designers en charge de sa minifig : « Ça va être tout noir! » 

Quand tu déverrouilles le skin Jedi Master.

Oh tourniquet !

Ben quoi ? Ça reste Disney. La légende dit qu’on se servait du générique de La Maison de Mickey pour torturer les prisonniers à Guantánamo. Ha ha ha! Non c’est faux (c’est interdit par la Convention de Genève). C’est tout ce que j’avais à dire sur le sujet.

Les fonctionnalités amusantes

Ici, LEGO nous vend « une plateforme de la Force qui coulisse pour repousser les Dark Troopers ». Vous pouvez admirer le fonctionnement du mécanisme avec le schéma ci-joint. En gros, ça coulisse. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est beaucoup d’efforts de la part du designer pour un effet qui n’apparaît qu’une fraction de seconde à l’écran. Ne boudons pas notre plaisir, c’est bien réalisé et ça amuse décroche un sourire furtif au coin des lèvres accompagné d’un petit souffle saccadé par les narines. Bon. Voilà. Pour ma part, je trouve tout de même qu’on assiste plus à un Moonwalk de Michael Jackson qu’à la toute-puissance de la Force. Mais personne n’est assez con pour confondre un croiseur impérial avec un dance floor

"Ani are you OK? Are you OK? Are you OK Ani?"
Disco Luke mais que fais-tu là ?

Gné hé hé hé!

Lego Star Wars™

L’attaque des Dark Troopers™ 75324

Note brickosophy:
4.5/5

29,99 €

(PRIX À TITRE INDICATIF)​

Fêtez le retour de Luke Skywalker dans Star Wars : Le Mandalorien Saison 2 avec L’attaque des Dark Troopers (75324), pour les fans de 8 ans et plus. Le set reproduit la scène dans le croiseur léger impérial lors de laquelle Luke réapparaît, avec un ascenseur qui pivote, une plateforme de combat rotative et une plateforme «  de la Force » qui coulisse pour repousser les Dark Troopers. Avec 4 minifigurines LEGO® : Luke Skywalker (nouveauté de mars 2022) avec un sabre laser et 3 Dark Troopers armés de fusils blasters.

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Prendre exemple sur les Tournesols et chercher son rayon de soleil

C’est l’histoire de deux tournesols

Youpi les amis, c’est le printemps ! 2022 nous a bien gâté déjà ! Le niveau est haut. Et comme c’est de saison, parlons un peu des fleurs chez LEGO. Après les Tulipes (40461) pas franchement réussies et, à l’inverse, les superbes Roses (40460), LEGO poursuit dans le floral avec les Tournesols (40524). Alors pourquoi ne pas faire une petite review de ce nouveau set dans la joie et la bonne humeur ? C’est parti ! C’est l’histoire de deux tournesols qui rejoignent la série des duos floraux. Et ils se montrent dignes de la qualité qu’on est en droit d’attendre des ensembles LEGO Creator Expert ! Le montage est rapide, quoique répétitif avec tous les pétales. Mais voyez le bon côté des choses : vous aurez un énorme stock (24) de pétales en Bright Light Orange, couleur totalement inédite pour cette pièce. Vous pourrez embellir vos MOC avec un soupçon d’automne. L’aspect général est convaincant et apporte une touche lumineuse à mon bureau. De quoi accrocher mon regard quand je rêvasse en écoutant d’une oreille distraite la radio. 

C’est deux histoires de tournesols

Il arrive que les événements s’entrechoquent fortuitement. Abreuvés que nous sommes, en permanence, par un torrent d’informations en continu, nous perdons notre capacité d’analyse. Prendre un certain recul, faire un pas de côté, observer sous un angle différent les petites briques accumulées au long cours par des inférences abductives visuelles. Chercher la pièce manquante, celle qui se refuse obstinément à notre regard. Et soudain, la voici qui apparaît par magie, du moins le pensons-nous, alors qu’elle n’a jamais bougé. Ce qui a changé, ce n’est pas l’architecture du réel, mais la vision que nous portons sur notre monde. Nous voyons enfin ce que nous voulions voir. Chercher une brique précise dans la multitude de ses semblables, c’est trouver ce qui nous manque, quitte à en être possédé, fiévreux, voire extatique. Nous ne désirons que ce qui nous manque. Mais est-on certain de ce que l’on désire ? Je ne désirais pas entendre ces informations à la radio, mais les tournesols font l’Histoire.

C’est l’histoire de deux tournesols 

Désolé ma chérie, papa utilise parfois des mots compliqués, mais ce n’est pas de sa faute. Les adultes sont comme ça, ils aiment rendre les choses plus difficiles à comprendre pour avoir l’impression que ce qu’ils font est important. Pire, ils essayent de faire croire que les choses simples comme les jouets ne sont qu’une perte de temps. Alors ils rendent les jouets compliqués. On ne doit plus s’amuser avec, ils doivent nous apporter une expérience unique. Pas de la joie, non. De l’autosatisfaction et de la fierté. Car la joie est communicative alors que la fierté n’apporte qu’envie et jalousie. On ne joue pas avec les autres adultes, on les impressionne pour nous sentir meilleurs qu’eux, pour les dominer. C’est l’histoire de deux tournesols. On ne les plante pas, on les construits. Ils ne se mangent pas, ils embellissent. Ils ne faneront pas, ils dureront tant qu’ils ne sont pas détruits. En quand bien même des brutes les détruiraient en totalité, tant qu’il reste un enfant, ils peuvent être rebâtis. 

Lego Creator Expert

Tournesols

Note brickosophy:
5/5

12,99 €

(PRIX À TITRE INDICATIF)​

Les tournesols ajoutent instantanément une touche de bonheur et d’optimisme autour d’eux. Vous pouvez désormais construire votre propre version en briques de cette fleur très appréciée, grâce au set de construction Tournesols LEGO® (40524) vibrant de réalisme.

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«Prenez ces graines et mettez-les dans vos poches...
...comme ça au moins des tournesols pousseront quand vous serez tous au sol, ici»
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Les gros problèmes de LEGO City

Une journée paisible à LEGO City commence.

Le titre de l’article est putaclic

Le magazine LEGO Life est un trimestriel disponible gratuitement pour les enfants et est le pendant papier de l’application du même nom. C’est un outil de marketing de contenu – et de contenu de marque – destiné aux enfants. Pour résumer, c’est la version moderne du catalogue LEGO en plus ludique et éditorialisé. Contrairement aux périodiques disponibles chez les marchands de journaux, le magazine LEGO Life est gratuit. Et, selon l’adage, si c’est gratuit, vous êtes le produit. 

Nous y retrouvons naturellement les derniers ensembles de la marque. Néanmoins, ils sont présentés de façon moins frontale : pas de prix, de noms ou de références. En outre, ils sont agrémentés de nombreux jeux, BD et articles à la gloire de LEGO. En somme, c’est la Pravda jeunesse dont le but est d’augmenter l’exposition de la marmaille aux produits et donc de casser les pieds des parents pour qu’ils les achètent. Bref, que les enfants prescripteurs influencent les décisions d’achat des parents. 

Le magazine LEGO Life, ce n'est pas de la propagande, c'est une opération d'information spéciale. Gloire à LEGO!

La vérité est ailleurs

Intéressons-nous à ces fameux jeux qui servent d’enrobage aux dernières nouveautés de la marque. Plus précisément à l’appel à l’action proposée par un jeu spécifique. Résumons. Une pleine page dessinée rassemble les nouveautés LEGO City à travers des mises en situation pour le moins loufoques. Dans un encart en bas de page, le Dr Spetzel (sic) nous interroge sur les événements surprenants susceptibles de se produire à LEGO City. Sur la base de ce qui nous est donné à voir, il nous invite à une relation épistolaire afin de partager le fruit de nos réflexions. 

Contrairement à ce que suggère ma prose ampoulée, ce jeu est simple et incite à la créativité des enfants. Malheureusement, nous rencontrons ici un problème philosophique intrinsèque à l’oikeiopragia de LEGO City. Platon, dans La République, propose ce principe d’adéquation de l’individu et de la tâche. Chacun doit s’occuper de ce pour quoi il a un talent naturel – faire ses propres affaires ne signifie plus faire pour soi-même mais faire ce que l’on est soi-même le plus apte à faire. 

LEGO Life Magazine JAN. - FÉV. 2022. Une page qui restera dans les annales.

Les minifigs naissent libres et LEGO…

En effet, dans LEGO City, chacun est à sa place et ne varie pas du rôle qui lui est attribué. Il n’y a aucune mobilité sociale et chaque personnage est la caricature de sa propre fonction. Ainsi, il ne peut évoluer dans cette dernière qu’avec une marge de manœuvre réduite, ne laissant que peu de place à l’improvisation. L’individu est prisonnier de sa mission, derrière laquelle s’efface sa personnalité. Le policier police, le voleur vole et le tankiste t’enc… le médecin ausculte.

« Ça fera $37. – GÉNIAL! »

D’ailleurs, cette fonction est gravée dans leurs chairs, ou plutôt imprimée sur leur torse, voire leurs visages. L’exemple le plus frappant est la figure du voleur. Il ne peut se défaire de son masque tatoué et sa seule raison d’être est de justifier l’infrastructure policière. Sans lui, aucune prison ne verrait le jour. Il est sur la ligne de crête : son infraction doit être délictueuse pour justifier une incarcération, mais ne doit pas dépasser la ligne rouge du crime, impensable dans un jouet destiné aux enfants. Pas de meurtre dans l’utopie joyeuse de LEGO City.

"La seule prison est celle qu'on a dans la tête" dit l'écureuil. "Et retire ce masque idiot" ajouta-t-il.

…Mais certains sont plus LEGO que d’autres

Nous pouvons appliquer cette logique à d’autres infrastructures de la cité. L’hôpital, par exemple, ne comporte qu’un IRM, une maternité et une salle de jeux pour les enfants. Pas de bloc opératoire, ni de soins intensifs et encore moins de service de réanimation. À LEGO City, il ne fait pas bon d’avoir son pronostic vital engagé. Ici, les infirmiers sont remplacés par un clown (à moins qu’il ne s’agisse du directeur de l’établissement). Là encore, civière et ambulance trouvent leur légitimation avec le personnage du cascadeur, lui aussi prisonnier de son rôle d’éternel accidenté. Malheur à lui en cas d’hémorragie interne.

Quoi ? Tout n’est pas super génial ? On m’aurait menti ??

Dès lors, l’intitulé du jeu est déstabilisant. Comment imaginer des événements surprenants alors que les règles intrinsèques de la ville LEGO empêchent par essence toute forme de transgression ? Les habitants jouent leur rôle dans une enfilade de poncifs et semblent totalement hermétiques aux inférences abductives, c’est-à-dire d’avoir un raisonnement qui établit une cause la plus vraisemblable à un fait observé. Umberto Eco appelait ce procédé la « méthode du détective ».

La liberté c’est l’esclavage

Derp par jaysbrickblog.com

Par conséquent, nous assistons à des scènes improbables dont les causes ne viennent pas d’une quelconque bêtise de la part des habitants. Prenons l’exemple de la policière : elle possède une voiture de fonction permettant de larguer des chausse-trappes afin d’établir des barrages filtrants. Sans surprise, elle remplit à merveille cette fonction qui lui est attribuée. Mais son expertise, son raisonnement et son libre-arbitre s’arrêtent là. 

Effectivement, plutôt que de poursuivre logiquement son action, à savoir un contrôle d’identité, une interpellation, demander des renforts, son script s’arrête abruptement et se contente de commander une glace aux voleurs. Pire, son incapacité à se détacher du mandat qui lui est conféré la condamne à échouer cette interaction basique. Sinon, comment expliquer qu’elle commande un sorbet parfum vanille, chocolat et brocoli ?

L’ignorance, c’est la force

Dans ces conditions, LEGO City partage de nombreuses similitudes avec le monde de Westworld. En somme, un parc d’attractions où les conséquences n’ont aucune répercussion sur les événements et les enjeux de causalité suivent un script invisible au premier abord, et ce, afin de cadrer l’expérience de jeu. Les protagonistes ignorent les règles qui régissent leur monde et qu’importent les éléments perturbateurs, tout sera reconstruit à l’identique le lendemain. 

Pour conclure, revenons à notre cher Dr Spetzel qui nous invite à la délation auprès de Max afin de lui dire quel type d’événements surprenants pourraient se produire à LEGO City. Il serait plus juste de demander quels résultats surprenants pourraient ne pas se produire dans une ville où l’effacement de l’individu derrière sa fonction est à son paroxysme jusqu’à l’absurde. Mieux, pourquoi la société ne s’est-elle pas déjà effondrée à LEGO City ?

Ces gens n'ont pas conscience d'être cons et remplissent leur rôle à la perfection.
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Des porte-clés personnalisés

C’est bien connu, le porte-clés est la seule invention qui permet de perdre toutes ses clés d’un seul coup, plutôt qu’une par une. Malgré ce défaut, il est néanmoins un accessoire indispensable dans la vie quotidienne. Dans la mesure où il constitue un signe ostentatoire de votre personnalité, au même titre que la couleur de vos chaussettes, il convient de le choisir avec discernement. Et, quelle coïncidence fortuite du hasard, Lego s’apprête justement à lancer un set sobrement intitulé La méga-boîte de porte-clés – Messages (41949).

Nos goûts nous trahissent

Objet fétiche par excellence, nous projetons plus ou moins consciemment sur le porte-clés une part de nos affects. Comme le relevait Pierre Bourdieu dans son essai La Distinction (1979), nos goûts nous trahissent beaucoup plus profondément que nos opinions. Dit autrement, nos préférences culturelles expriment notre position dans le monde social. Le porte-clés devient alors un subtil objet de distinction donné à voir et auquel nous nous identifions. C’est la raison pour laquelle il convient de choisir ses attributs avec circonspection et sagacité.

Baba cool, gothique ou crotte rose... Choisi ton camp camarade.

Lorsque vous posez négligemment votre trousseau de clés sur la table du bar lors de l’after work avec les collègues, vous dévoilez un peu de vous-même dans le but inavoué d’impressionner la galerie avec le porte-clés de votre 205 GTI Turbo. Et, de toute évidence, en tirer une certaine fierté. De surcroit, nous pouvons appliquer ce raisonnement à peu près à tout. Nous exposons aux yeux du monde notre capital culturel et économique et finalement, notre position relative à l’intérieur d’un espace social.

Contrairement aux apparences, cette image promotionnelle ne date pas des années 80. Un sac banane, sérieusement ?

Détourner et personnaliser

Jusqu’à présent, nous avons constaté que l’utilité des objets dépasse ses fonctions premières. Dans le cas du porte-clés, nous pouvons le réduire à sa plus simple expression qui est de maintenir plusieurs clés ensemble. Ce rôle est généralement tenu par un anneau, auquel s’ajoute généralement un appendice. Et c’est véritablement ce dernier qui ouvre le champ des possibles.

En effet, le potentiel de distinction réside dans la personnalisation et le détournement de cet accessoire. Dévoyer la fonction première d’un objet peut servir à se démarquer des autres, à étaler son panache, à asseoir sa supériorité culturelle, créative et intellectuelle. Ultime transgression : l’objet perd son sens premier et le porte-clés ne sert plus à porter des clés, mais nos prétentions sociales. Illustrons nos propos avec l’exemple d’un poète des temps modernes :

C’est beau, c’est authentique, c’est disruptif. Il fallait y penser. Mais en réalité, il n’est pas donné à tout le monde de mettre en adéquation son aspiration d’émancipation et de distinction avec les ressources et le talent nécessaire pour y parvenir. C’est précisément là que le génie marketing entre en action et nous sort de son chapeau magique un concept audacieux :

La customisation standardisée

Tout d’abord il faut dire que dans notre monde consumériste, notre temps est compté. D’ailleurs, le philosophe Jean-François Lyotard nous alertait dans son essai Le postmoderne expliqué aux enfants (1993) que « dans un monde où le succès est de gagner du temps, penser n’a qu’un seul défaut, mais incorrigible : d’en faire perdre. »

C’est pourquoi peu de gens peuvent se permettre une réflexion introspective sur qui ils sont vraiment. Dès lors, il est difficile de se démarquer si on ne sait pas en quoi nous sommes singuliers. Et quand bien même nous y parviendrions, il faudrait encore trouver l’inspiration. Une autre perte de temps superflue. 

Heureusement pour nous, ces petits désagréments peuvent être sous-traités à des gens qui ont pris la peine de nous prémâcher le travail. Ils posent ainsi un cadre défini dans lequel nous pouvons nous exprimer librement. Pratique. Et voilà le marché du prêt à customiser qui nous ouvre grand les bras, pour peu qu’on ouvre grand le portefeuille. Choisi ton style camarade…

Big brain time

L’oisif créatif

Dire que la création avec des briques Lego est fainéante est de mauvaise foi, j’en conviens. Il est effectivement vrai que nous sommes limités par les formes et les couleurs mises à notre disposition. La contrainte pose donc un cadre dans lequel nous devons nous exprimer. Cette limitation est à double tranchant : soit nous nous y résignons, soit nous la dépassons pour sublimer nos créations. 

Bien évidemment, des modèles à reproduire sont fournis avec le set et les paresseux pourront y trouver leur compte. Mais là n’est pas le but et tout est fait pour encourager la transgression des instructions. Tout est certes balisé, mais cela ne rend le défi, s’il est relevé, que plus gratifiant à atteindre. Au final, la force des briques Lego n’est-elle pas que, quel que soit l’agencement choisi, le résultat sera toujours une réussite visuelle et créative ?

29,99 €

La méga-boîte de porte-clés - Messages LEGO® Art

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Porte-clés personnalisés en macramé

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Porte-clés en cuir gravé avec photo

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Cogitations

The Batman : que valent les ensembles LEGO inspirés du film?

À l’occasion de la sortie du film The Batman avec Robert Pattinson, LEGO n’a pas manqué l’opportunité de nous proposer des ensembles inspirés de cette nouvelle franchise. Comme pour d’autres licences cinématographiques, ces sets sont commercialisés bien avant la diffusion en salles obscures. Alors comment la firme danoise s’en est sortie malgré tout ? Gros plan sur une figure de style imposée : la création de produits dérivés quand le matériau de base n’est pas encore disponible au grand public. Article garanti sans spoilers.

L’histoire d’amour lucrative entre LEGO et le super héros le plus populaire de l’écurie DC a commencé en 2006. L’événement est un tournant majeur dans l’histoire des sets sous licence. D’ailleurs, LEGO ne s’y trompe pas et annonce pour l’occasion la venue du chevalier noir en grande pompe. Le papy Batman (83 ans tout de même!), super héros créé par Bob Kane et Bill Finger, jouit toujours d’une popularité sans faille auprès des fans. Et ce, malgré l’absence de super pouvoirs autres que ce que l’argent peut acheter (super gadgets, gros bolides, trafic d’influence, corruption, concussion, etc.)

Le justicier masqué, grimé en chauve-souris, est une poule aux œufs d’or, comme en témoignent les flopées de comics, de jeux vidéo, de jouets et de films qui sortent, encore aujourd’hui, à une cadence industrielle. Après Christopher Nolan et Zack Snyder, voici venue la troisième itération cinématographique du Batman au XXIe siècle. Cette fois, c’est au tour de Matt Reeves, qui n’attend que les premiers chiffres du box-office pour avoir le feu vert des studios afin de réaliser sa propre trilogie et, pourquoi s’arrêter en si bon chemin, poser les bases de son propre Batverse.

Coffret commémoratif limité à 250 exemplaires, offert lors de la San Diego Comic Convention 2005 pour annoncer le lancement de la gamme Batman. ©2005 LEGO Group.

Le Battinson succède au Batfleck

Batman, Année Un par Frank Miller (Urban Comics).

Après toutes ces apparitions sur le grand écran, on aurait pu croire qu’on avait fait le tour du personnage et que plus rien de neuf ne pourrait être dit, sauf à radoter. C’est mal connaître la richesse de l’univers du chevalier noir. Le Batfleck campe un Batman en fin de carrière et aigri, directement tiré des récits de Frank Miller : The Dark Knight Returns. Zack Snyder nous livre un personnage violent et désabusé, et s’inspire de nombreux éléments de l’intrigue, dont le fameux conflit qui donne le titre au film : Batman v Superman : L’Aube de la justice.

Ainsi, pour se renouveler, The Batman puise dans une autre œuvre iconique de Frank Miller : Batman Année Un. Après avoir exploré les vieilles années du héros, quoi de plus logique que de s’attaquer à sa genèse. Pour rajeunir le personnage à l’écran, la tâche est confiée à l’acteur Robert Pattinson, que nous appellerons dorénavant le Battinson. Comme à chaque changement d’acteur pour incarner le justicier iconique, les débats abscons se multiplient sur les réseaux. Mais dès que les premières images apparaissent, les doutes s’envolent. Et le Battinson fait fort, très fort. Car porter le Batman à l’écran, c’est aussi développer un univers visuel indissociable du personnage, à base de Bat-Trucs en tous genres.

L’habit fait le moine

Forcément, lorsqu’il s’agit de l’homme chauve-souris, la première chose qui nous vient à l’esprit est la transmission du coronavirus par zoonose son costume. D’un point de vue visuel, quatre éléments majeurs sont incontournables, à savoir son demi-masque à oreilles pointues, sa cape, sa ceinture à gadgets Deus ex machina, et bien évidemment son slip par-dessus ses leggings un bon gros logo de chiroptère arboré fièrement sur son poitrail.

Un cahier des charges plutôt simple qui pourtant a été décliné presque à l’infini, avec plus ou moins de réussite (ne jamais oublier les Bat-Tétons). Alors en quoi le costume du Battinson est unique ? Comme l’a expliqué Matt Reeves, les designers voulait que le Bat-Costume soit pratique et donne l’impression que Batman utilisait des pièces de rechange pour le créer lui-même. Judicieuse idée qui colle parfaitement à un Batman débutant dans le métier.

Les observateurs les plus avisés pourront noter que le Bat-Costard de Pattinson semble s’inspirer de celui dessiné par l’artiste Lee Bermejo dans des bandes dessinées comme Noël et Damned. Nous retrouvons les sections angulaires sur la poitrine, le même style de ceinture avec un harnais, et un pantalon plus ample que les traditionnels collants en spandex. Bermejo n’a pas été consulté concernant le design, mais était fier de voir un Bat-Costume similaire au sien dans un film.

Le Batman de Lee Bermejo est tout colère parce que ses parents sont moooooorts!!1.

Du spandex au plastique

Comparaison entre la minifigurine LEGO et le costume du Battinson

Observons à présent la déclinaison du Battinson en minifigurine. L’exercice est délicat, il faut savoir saisir les traits saillants du personnage et les appliquer sur une très petite surface. C’est un exercice de caricature où l’on exagère les attributs du personnage en veillant à respecter un subtil équilibre entre le réalisme et le grotesque. Heureusement, une cape et des oreilles pointues suffisent amplement à atteindre un résultat certes fainéant, mais convaincant.

Ainsi, rien ne ressemble plus à une minifigurine du Batman qu’une autre minifigurine du Batman pour un œil distrait. Il est regrettable que le magnifique masque en cuir à coutures apparentes soit réduit au casque générique vu et revu dans d’innombrables sets LEGO (58 pour être exact). De plus, le col protège-nuque qui contribue largement à l’identité du costume, et, soit dit en passant, est vraiment sympa, passe tout simplement à la trappe. C’est la dure loi du compromis.

Notons tout de même la belle tampographie du torse (recto ET verso s’il vous plaît !) et des jambes. Les graphistes de LEGO ont fait un beau travail sur le plastron qui est, somme toute, très ressemblant. Le logo, l’armure et la bat-ceinture sont fidèles à l’original et suffisamment détaillés. Une chose manque cependant et vient gâcher le plaisir : l’absence de motifs sur les bras, qui pourtant se prêtaient bien à l’exercice.

De gauche à droite : Batman, le Sphinx, commissaire Gordon, Catwoman, Alfred et le Pingouin.

L’énigme du sphinx

Laissons de côté les autres minifigurines présentes dans les sets, car elles ne resteront pas dans les annales. Sans être ratées, les personnages sont reconnaissables, mais ne suscitent pas plus d’enthousiasme. Seul le Sphinx (ou Riddler en VO), grand méchant du film, possède un design qui mérite qu’on s’y attarde. Des fringues moches, un sac hideux sur la tête, des lunettes, un symbole peint sur son manteau, et qui envoie des lettres incompréhensibles, ça vous rappelle quelqu’un ?

Si vous avez répondu le tueur du Zodiaque, bravo, vous venez de gagner un point Internet. Petite futée ! C’est en effet le célèbre tueur en série californien des années 70 qui a servi d’inspiration au costume. Plus précisément le fameux dessin de l’ancien caricaturiste du San Francisco Chronicle, Robert Graysmith. La victime survivante, Bryan Hartnell, a personnellement décrit le costume en détail à Graysmith, après sa rencontre et celle de Cecilia Shepherd avec le zodiaque le 27 septembre 1969. Ça rend tout de suite le costume moins ridicule, n’est-ce pas ?

Zodiac in Costume at Lake Berryessa par Robert Graysmith.

Néanmoins, ce n’est pas l’énigme du Sphinx évoqué dans le titre. Non, la vraie énigme est pourquoi diable LEGO a décidé de l’affubler d’une perruque par-dessus son masque ? Pourquoi ? Répondez !!! Heureusement, nous pouvons habilement transformer de façon simple la minifig grâce à une technique audacieuse, afin qu’elle corresponde davantage au personnage campé par Paul Dano. Retirez les cheveux. Ne me remerciez pas. Preuve à l’appui :

Le Riddler sans les cheveux, ça rend tout de suite mieux.

Laisse-moi vroum vroum zen

Christine, l'automobile surnaturelle et malveillante de Stephen King a inspiré la nouvelle Batmobile.

Nous l’avons constaté, les designers de chez LEGO doivent donc réussir l’exercice difficile de produire des jouets avec peu de références,  ce qui explique peut-être le choix capillaire étrange évoqué ci-dessus. Partant de ce fait, intéressons-nous au meilleur acolyte du Batman. Non, pas Robin, mais la Batmobile. Car quand on ne sait pas voler, mieux vaut une bonne voiture. Et en matière de véhicule, le moins que l’on puisse dire est que le super pouvoir de l’argent aide beaucoup.

Sur ce point, il y a autant de versions différentes du bolide que de costumes de chauve-souris, c’est-à-dire à foison. Le film The Batman s’empare à son tour de l’engin et en livre sa propre version, et rompt avec ses prédécesseurs. Fini les tanks furtifs et autres charrettes improbables et sur-armées. Les designers restent fidèles au leitmotiv du justicier en devenir : Bruce Wayne a fabriqué ça dans une grotte.

Matt Reeves a imaginé une voiture plus réaliste, que Bruce a assemblé lui-même. Les références à la chauve-souris sont beaucoup plus subtiles. Ainsi, il est amusant de constater que le moteur a une forme rappelant le volatile. De l’aveu même du réalisateur, il s’est inspiré de Christine de Stephen King pour lui donner une apparence animale afin d’effrayer les gens que Batman poursuit.

Dans l’ensemble, Matt Reeves a réussi son pari. La Batmobile dégage une bestialité glaçante, tout en restant pragmatique. Il faut de surcroît ajouter que le choix d’utiliser une muscle car renforce d’autant plus cette impression. Mais à bien considérer les choses, ce design n’est pas non plus totalement inédit. En effet, nous pouvons retrouver une Batmobile muscle car dans les travaux du dessinateur Francesco Francavilla et son génial Batman 1972.

Le Batman de Francesco Francavilla est de loin le plus funky.

Brickman et sa brickmobile

Jusqu’à présent, toutes ces références n’ont donné que des pistes d’identité visuelle. Mais les designers de chez LEGO étaient bien obligés de travailler avec du concret. Et ils n’ont pas toujours un accès privilégié aux coulisses. À cet égard, comparons leur travail avec les sources officielles de promotion disponibles sur le oueb, et jouons au jeu des sept différences. Je précise tout de suite que je ne parlerai pas de la Batmobile™ LEGO® Technic (42127) car cette gamme ne m’intéresse pas  par choix éditorial (mais vous pourrez toujours l’accrocher au mur).

Un photoshop digne d’un professionnel…

Premièrement, soulignons que la Batmobile (76181) proposé par LEGO fait partie du club des huit tenons de large. Cette échelle donne instantanément un rendu très réaliste au niveau des proportions. Il suffit de voir la muscle car de six tenons de large du Ghost Rider (76173) pour s’en convaincre. Malgré des angles trop abrupts par rapport aux courbes délicates de l’original, l’aspect général est féroce et brutal. De loin, le véhicule est très convaincant. 

Le moteur en forme de chauve-souris pour rouler des mécaniques.

Le moteur V8 de 650 chevaux apparent devient un V6 sur le modèle proposé par LEGO. Nous retrouvons l’aspect « chauve-souris » et les pièces chromées utilisées ajoutent au réalisme. Le designer a été bien inspiré et a réussi à ajouter de nombreux petits détails. Seuls deux petits autocollants sont utilisés et sont, pour leur part, plutôt accessoires et à demi masqués. Du reste, les effets pyrotechniques bleus crachés par le réacteur sont conformes à ceux aperçus dans la bande-annonce. Un travail propre et respectueux du sujet.

Les autres véhicules

Le set LEGO La course-poursuite en motos de Batman et Selina Kyle (76179) nous révèle que les deux roues seront aussi visibles à l’écran. Peu d’images sont disponibles sur Internet, mais c’est suffisant pour juger de la qualité des modèles en briques. À première vue, le résultat est est mitigé. Une remarque avant de rentrer dans le vif du sujet, il est clair que la Bat-Moto n’est pas homologuée : un coup de frein et PAF! Empalé par le pare-brise.

Virée romantique à moto dans un cimetière.

Revenons à nos motos. En premier lieu, ces deux cylindrées bénéficient d’une toute nouvelle pièce LEGO pour le châssis. L’avantage est que les motos proposent une expérience de construction plus grande qu’avec les traditionnelles motos moulées d’un seul bloc. De plus, les designers ont intégré beaucoup de détails (Bat-pare-brise, coffre, carburateur…) et le résultat est relativement fidèle.  Cependant, la largeur de deux tenons rend les motos trop balourdes et imposantes. Mais après tout, ce ne sont que des jouets.

Bruce Wayne a décidément un goût prononcé pour les voitures vintages.

Enfin, un dernier véhicule fait une apparition furtive dans les bandes-annonces : la Chevrolet Corvette de 1963 de Bruce Wayne (que nous n’avons jamais vu dans la même pièce que Batman. C’est suspect…). Notons que LEGO nous a déjà proposé une Corvette de 1968, il est donc raisonnable d’espérer voir ce modèle produit un jour. 

La Man-cave

Que serait notre justicier masqué sans son repère secret où se détendre entre deux séances de tartes aux dents sur les méchants ? Et la Batmobile garée en double file devant le building Wayne serait pour le moins suspicieux. Heureusement que Bruce Wayne est plein de ressources (financières). Nous connaissons tous la grotte aménagée sous le manoir familial, où s’entassent Bat-trophées, Bat-véhicules, Bat-ordinateur, Bat-infirmerie, Bat-costume… Bref, vous avez compris.

En ce qui concerne cette base secrète, un seul mot vient à l’esprit : pourquoi ? En y réfléchissant une petite minute, on se rend compte de l’absurdité de la chose. Stocker du matériel de haute technologie dans un endroit aussi humide ferait hurler n’importe quel technicien. Et que dire de ses colocataires chauve-souris au plafond ? La Bat-Cave, dans son ensemble, devrait être recouverte d’une épaisse couche d’excréments. Ce pauvre Alfred doit passer ses journées à décontaminer les lieus. 

Pire, le guano représente un danger pour la santé des humains. Saviez-vous qu’au total, plus de 60 virus ont été détectés à partir d’organes, du sang ou des excréments de chauves-souris, un nombre bien plus élevé que chez les autres espèces animales. La rage, les coronavirus et même Ebola, voilà le menu réjouissant auquel vous vous exposez en pataugeant dans les déjections de chiroptères.

Marco d'Alfonso (M7781) nous livre une vision réaliste de la vie dans une grotte.
La Batcave : l’affrontement du Sphinx (76183)

Wayne Terminus, tout le monde descend

Heureusement pour lui, notre Battinson semble avoir plus de jugeote que ses alter-egos et a installé son antre dans ce qu’il semble être un terminal de métro abandonné. Probablement l’œuvre inachevée de son père philanthrope. Nous n’avons qu’un bref aperçu du lieu dans les différentes images promotionnelles. Cependant, c’est amplement suffisant.

Travailler dans le noir abime les yeux.

Sur l’image ci-dessus, nous distinguons à l’arrière-plan la Batmobile, ainsi que la rampe de réparation, ce que le set LEGO ne manque pas de reproduire. Un bon point pour les designers. Néanmoins nous noterons que la Batmobile, bien quelle se range parfaitement sur ses rails, est vendue séparément. Business is business.

Pourquoi les films sont-ils devenus si peu éclairés ? C'est la crise des projecteurs ?

Mais c’est vraiment sur cette dernière image que nous pouvons juger de la ressemblance du set LEGO. Les escaliers sont là, avec les lampadaires. Son setup de gaming est bien présent lui aussi, au milieu de la pièce. L’inscription « Wayne Terminus » est aussi visible. Enfin, nous distinguons au fond son atelier de tuning, également présent chez LEGO. Sur la base de cette photo, nous pouvons raisonnablement affirmer que l’interprétation des designers LEGO est très crédible.

Le vide sous le tunnel est habillé par les trois grands écrans du Bat-Ordinateur et constitue le point focal de la construction. Les autocollants des écrans sont très richement décorés et fourmillent de détails. Les messages codés du Riddler à passer sous la loupe rouge offrent une petite expérience de jeu sympathique. Les graphistes se sont lâchés et le résultat est là.

Si vous possédez également la Batmobile, elle trouvera naturellement ici sa place de garage douillette. Les designers ont d’ailleurs pensé à tout en offrant la possibilité de déplacer facilement le Bat-Ordinateur pour installer le véhicule. Le set est modulable et garde sa prestance quel que soit l’agencement choisi.

La grande carte de Gotham City parsemée de post-it avec des points d’interrogation est fouillée. Il faut, ici encore, noter la minutie des graphistes car cette carte n’est pas sortie de nulle part. C’est une reproduction fidèle du plan de Gotham aperçu dans Batman L’An Zéro de Scott Snyder et Greg Capullo (voir ci-contre). 

Dans l’ensemble, cet ensemble LEGO est authentique et très réussi. Enfin une Bat-Cave qui peut rivaliser avec l’armurerie d’Iron Man (76125) en potentiel d’exposition sur vos étagères et pour un prix inférieur à 70 €, surprenant pour une gamme sous licence. Comptez tout de même 115 € pour l’ensemble des trois sets tirés du film (215 € si vous ajoutez la version LEGO Technic de la Batmobile). Il ne reste plus qu’à espérer que d’autres sets de la même qualité soient prévus.

Comment dépenser votre argent ?

14,99 €

La course-poursuite en motos de Batman™ et Selina Kyle™

4/5
57,90 €

La Batmobile™ : la poursuite du Pingouin

5/5
69,99 €

La Batcave™ : l’affrontement du Sphinx

5/5

Bonus tl;dr

On se quitte avec ces quelques illustrations promotionnelles, dont une dessinée par Jim Lee (excusez du peu). Rendez-vous dans les salles obscures pour apprécier les aventures du Battinson. N’hésitez pas à partager votre avis dans les commentaires.

De magnifiques illustrations promotionnelles réalisées pour le film The Batman

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De la géométrie à la géographie ou des polyèdres au globe Lego

Dernier né de la plate-forme Lego Ideas, le fabriquant de briques danois nous gratifie d’un nouvel ensemble destiné aux adultes, comme l’indique le 18+ sur la boite. Ou plus précisément, voici le dernier produit « Lifestyle » destiné aux adulescents cherchant à combler le vide de leurs âmes broyées par une vie de consumérisme insignifiante et sans fin accentuée par la solastalgie de l’inévitable épée de Damoclès climatique qui nous écorche petit à petit notre scalp étagères. Voici Le Globe.

La carte et le territoire

Ce globe (terrestre, précisons parce que oui, il en existe d’autres) se veut être une interprétation d’une représentation à petite échelle de notre planète dessinée sur une sphère. Or, il n’échappe à personne qu’une sphere construite à partir de polyèdres, ce que sont par nature les briques, est un exercice pour le moins délicat. Tout comme coucher la surface d’une sphère sur un plan est ardu. Sauf pour les platistes, bien entendu. Revenons un instant sur l’intérêt premier d’un planisphère. Sa forme sphérique constitue la meilleure approximation de ce qu’est notre planète, à savoir un ellipsoïde de révolution oblate (un sphéroïde légèrement aplati aux pôles, une boule quoi!). Ainsi, le globe permet la représentation cartographique la plus fidèle, c’est-à-dire sans déformer la taille des territoires dépeints, et ceux qui pensent le contraire ont Mercator (haha).    

Si pour vous la Terre ressemble à ça, vous pouvez arrêter ici la lecture de cet article.

Cependant, aussi précis que soit une carte, elle n’en reste pas moins subjective. Le célèbre aphorisme d’Alfred Korzybsky « Une carte n’est pas le territoire qu’elle représente » nous le rappelle. Le mot n’est pas la chose et la carte n’est pas le territoire. De nombreuses anecdotes nous rappellent qu’une carte possède intrinsèquement les visions biaisés que chacun a du monde. N’est-il pas surprenant que l’Europe soit toujours placée au centre des cartes ? Que le Nord définisse l’orientation des plans ? Que le méridien d’origine passe par l’observatoire de Greenwich en Angleterre ? D’ailleurs, jusqu’au début du XXe siècle, des pays tels que la France, l’Allemagne, l’Espagne ou encore la Suède utilisaient leurs propres méridiens d’origine. Toutes nos perceptions cartographiques sont égocentriques.

Urbi et orbi

Le Globe Lego n’échappe pas à ces biais de subjectivité et place un compas approximativement sur le méridien de Greenwich. On pourra objecter que dans un monde interconnecté, la norme fait nécessité afin que les fuseaux horaires, par convention, soient partagés par tous dans ce « village planétaire » prédit par MacLuhan et porté à bout de bras par des multinationales déversant leurs fac-similés de jouets en plastique ABS (Oui, j’ose dénoncer avec courage Playmobil). Cela n’enlève en rien l’arbitraire de ce système. Il est par exemple amusant de rappeler qu’en 1634, le roi Louis XIII prescrivit par ordonnance que le premier méridien serait celui dit de l’Île de Fer dans l’archipel des îles Canaries dans l’unique but de faire chier les islandais d’obtenir une longitude positive pour toutes les terres européennes. Vanitas vanitatum et omnia vanitas.

 

D’autres détails présents sur le Globe Lego passeraient presque inaperçus, tant nous avons intériorisé certaines conventions. Si l’on s’attarde un instant sur les briques tampographiées fournies dans l’inventaire et servant à ajouter du contexte, il nous parait presque normal que les noms des continents et océans soient orthographiés dans la langue de Shakespeare. L’omphalomanie -capacité à se prendre pour le centre du monde- dénoncé par le géographe Roger Brunet n’est pas loin. Pourtant, d’autres ensembles Lego, notamment dans la gamme Lego Achitecture, la fabrique à briques avait eu l’élégance de fournir des traductions dans différentes langues.

Visualiser, c’est expliquer

Que nous donne à voir ce globe ? Les noms des continents et des océans comme mentionné précédemment, évitant l’écueil de la carte muette. Mais c’est avant tout une carte topographique qui, malgré ses apparences grossières, fourni tout de même quelques informations utiles. On pardonnera ici d’avance les approximations liées à la triple contrainte : l’échelle choisie, le support complexe et, naturellement, sa réalisation en briques Lego. 

Mettons-nous un instant à la place de quelqu’un n’ayant jamais vu la Terre dans sa globalité. Il pourra déterminer de prime abord sa forme, son axe de rotation ainsi que son inclinaison. Il verra également différentes couleurs (quatre) correspondant à différentes surfaces : vert et marron pour les terres émergées, bleu pour les mers et océans et blanc pour les surfaces gelées aux pôles. Là où le bât blesse, c’est que ces couleurs ne sont pas légendées. Les surfaces marrons, qui correspondent aux zones arides, pourraient tout aussi bien représenter des dénivelés topographiques ou les territoires exploités par la maison Harrkonnen. Seule exception, l’ajout d’un voilier sur la surface bleue. Pas d’ambiguïté, c’est de la flotte. C’est toujours mieux que rien.

HIC SUNT DRACONES

Pour appréhender cet objet, il faut garder à l’esprit que ce n’est là qu’une approximation d’une copie d’une représentation de la réalité. Tout comme une image jpeg compressée, il y a néanmoins une nécessité d’intelligibilité. Pour cela, certains codes graphiques ont été repris de l’objet duquel la copie Lego est inspirée. En premier lieu, nous retrouvons l’habituelle utilisation du skeuomorphisme -imitation de l’apparence d’un objet réel- dans le design du support du globe, tout en bois et dorures. L’effet est convaincant et reste dans l’esprit du bateau dans la bouteille commercialisé précédemment.

Les éléments graphiques forts, eux aussi, veulent s’inspirer des cartes et globes vintages. La fonte de caractères manuaire, (trop) proche du Comic Sans, imite vaguement les calligraphies d’antan. Notons au passage l’inconsistance de la date qui utilise une numération romaine plutôt qu’un usage des chiffres arabes. Leur utilisation reste un mystère. Pièce maitresse du design, le magnifique compas, entièrement tampographié. Tout aussi surprenant, la fleur de lys surplombant le dit compas. Visuellement très réussie, il est pour le moins étrange qu’un meuble héraldique des rois de France (« d’or sur champ d’azur ») soit apposé ici dans un globe très anglo-saxon et relève probablement du clin d’oeil à la nationalité française de Guillaume Roussel, le fan designer du modèle. Un peu anachronique mais toujours bienvenu lorsqu’il s’agit d’agacer la perfide Albion.

Les armes "d'azur semé de fleur de lys d'or" sont étroitement liées aux rois de France depuis Louis VII.

La chose la plus fascinante dans les cartes anciennes, surtout lorsque des parties du monde étaient encore des blancs sur le papier, est l’incroyable imagination des cartographes pour combler les zones blanches. Bien que les espaces négatifs utilisés à bon escient soient graphiquement pertinents, personne n’aime les cartes avec du vide. Pour le remplir, tout le bestiaire onirique batifolait dans les terra incognita, les cartouches aux textes illisibles (tl;dr) jetaient un voile pudique sur l’inconnu et les espaces vierges étaient affublés d’un laconique hic sunt dracones (ici vivent les dragons). Un bon exemple est la Carta Marina d’Olaus Magnus (XVIe siècle) représentant les mers, les côtes et l’intérieur des terres des pays encerclant la mer Baltique. La créativité débridée dans toute sa splendeur, mais ça ne donne pas envie de se baigner. 

La Carta Marina d'Olaus Magnus (XVIe siècle) avec ses créatures fantastiques atteste de l'usage de stupéfiants chez les cartographes.

Les designers chez Lego se sont donc contentés de quelques éléments graphiques attendus, paresseux et incohérents. Le voilier sauve légèrement les meubles et peut constituer un hommage à la caraque de Magellan ou aux caravelles de Colomb, si on plisse les yeux. D’une manière générale, le globe est un objet à admirer de loin et ferait presque passer les espacements très visibles entre les différentes plaques pour des latitudes et des longitudes. N’espérez pas trouver l’équateur, ma bienveillance s’arrête ici. 

Dieu, toujours, fait de la géométrie

Je ne peux m’empêcher de me questionner sur ces interstices : sont-ils des contraintes mécaniques inhérentes ? Est-ce le meilleur compromis visuel ? Est-ce là l’unique manière de construire une sphère ? Répondre à ces questions revient à chercher la quadrature du cercle. Si nous regardons attentivement, nous constatons que cette grosse boule de briques Lego est organisée en un assemblage de différents polygones pour former un polyèdre. Les amateurs de modélisation 3D reconnaitrons le maillage d’un objet tridimensionnel. Rappellez-vous la poitrine de Lara Croft : plus le maillage est fin, plus le galbe est naturel. Le premier a avoir étudié les polyèdres en -300 av J.C. est nul autre que Platon. Mais comme il n’a jamais joué au Lego, ni à Tomb Raider, nous ne chercherons pas de réponses dans ses écrits.

Les globes de dirksbricks.com utilisent une technique classique qui présente un crénelage important. Ils sont néanmoins visuellement très réussis. Vous pouvez les acheter directement sur son site.

Nombreux sont ceux à avoir cogité pour réaliser des sphères en briques Lego. Le résultat abouti toujours à un crénelage important. Avec cet ensemble, Lego innove en utilisant la structure d’un polyèdre sphérique. Le défi technique en soit mérite d’être salué. Le solide obtenu possède 114 faces ou polygones (16 faces en longitude, 7 faces en latitude et les deux pôles). Malheureusement, ce polyèdre n’existe pas. Cela s’explique en regardant la construction de près : les designers trichent (un peu) en jouant sur de légers décalages et en tirant parti des interstices important mais irréguliers selon l’endroit. Le polyèdre le plus proche de cette structure serait une pseudo orthobicoupole héxadécagonale allongée augmenté d’un prisme héxadécagonal à l’équateur ! Qui dit mieux ?

Existe-il un autre polyèdre qui pourrait convenir à une construction sphérique ? La réponse nous est donnée par le mathématicien Norman Johnson qui, en 1966, a publié une liste de 92 solides et a pris le soin de les nommer. Sa liste étant complète, il ne nous reste qu’à passer en revue un par un ces différents polyèdres pour voir si l’un d’entre eux pourrait convenir. Ne partez pas, j’ai menti ! Il n’y en a que trois susceptibles à mes yeux de se prêter à l’exercice. Les voici : J73, J74 et J75.

LES SOLIDES DE JOHNSON​

parabigyro-rhombicosidodécaèdre

(J73)

Le patron du parabigyro-rhombicosidodécaèdre (J73), un des 92 sol solides de Johnson.

métabigyro-rhombicosidodécaèdre

(J74)

Le patron du métabigyro-rhombicosidodécaèdre (J74), un des 92 sol solides de Johnson.

trigyro-rhombicosidodécaèdre

(J75)

Le patron du trigyro-rhombicosidodécaèdre (J75), un des 92 sol solides de Johnson.

Ces trois solides de Johnson possèdent tous 60 sommets, 120 arêtes et 62 faces. Vous voyez les différences ? Oui ? C’est pas beau de mentir. Croyez-moi sur parole, ils n’ont rien à voir entre eux (sauf si je me suis planté dans les images).

Mais il reste encore une question : sont-ils réalisables en briques Lego ? Je ne sais pas, essayez toujours (et envoyez-moi les photos). Cependant, un talentueux constructeur a réalisé une sphère remarquable sur le modèle d’un solide d’Archimède, c’est-à-dire un polyèdre convexe semi-régulier, répondant au nom d’icosaèdre tronqué. Ce nom ne vous dit probablement rien et pourtant, vous le connaissez tous très bien : c’est la configuration d’un ballon de football.

Seb_E a réussi l'exploit de fabriquer un icosaèdre tronqué pour son globe terrestre. Cette forme particulière est connu de tous car il s'agit de la même structure utilisée pour le ballon de football.

Pour finir, voici une dernière forme pouvant se prêter à l’exercice : la géode. Ou plus précisément l’hexaki icosaèdre (disdyakis triacontaèdre pour les intimes). D’après l’ingénieur G. H. Deproit, à qui j’ai emprunté le titre de cet article, cette forme possède de nombreux avantages pour réaliser une sphère, notamment une meilleure esthétique grâce à des faces uniformes et nombreuses, et une structure régulière avec le même nombre d’arêtes (10) partant des 12 sommets. Cette forme est connue pour être le plus grand dé équilibré possible de construire : un D120 !

Le majestueux
hexaki icosaèdre

Et voilà un exemple concret que les maths servent à quelque chose. Et franchement, c’est l’information la plus utile de cet article.

Le monde à portée de main

En définitive, depuis le lancement de Google Earth, l’intérêt d’un globe est assez limité. Mais ce serait passer à côté du plaisir que procure l’objet. En effet, Google Earth est au globe ce que le Kindle est au livre : on ne peut pas cacher de l’alcool dedans ça prend moins de place mais vous ne pourrez pas frimer devant vos amis. Et puis, le globe fait voyager et nous empli de rêves d’aventures et d’exotisme. Voilà des raisons, s’il en fallait, pour posséder cette pièce indémodable et l’exposer fièrement chez vous. 

Vous êtes convaincu de la nécessité d’avoir un globe pour égayer vos soirées en tentant désespérément de trouver le Vanuatu, l’Eswatini ou la destination de vos prochaines vacances (Haha, non. Confinement surprise) ? Pas de panique, je vous ai fait un petit comparatif totalement subjectif et de mauvaise foi pour vous aider à réaliser un achat avisé. N’attendez plus, Le monde est à portée de votre main.

199,90 €

Le Globe LEGO®

2.5/5
57,90 €

Le Globe en liège

3.5/5
89,95 €

Le Globe lumineux

4.5/5