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Les Zoïds : Plagiat à l’Horizon ?

breath of the west

Si on peut paraître un peu blasé exigeant avec Forbidden West, c’est parce que Elden Ring est enfin sorti bordel de #@$%µ parce qu’on a le droit d’attendre davantage d’une licence AAA. Un quinquennat est passé depuis le premier opus et, comme en politique, on nous ressert la même soupe. C’était déjà assez compliqué, à l’époque, de rester éveillé entre deux chasses – parfois épiques, concédons-le – au dino gigantesque qui tire des caisses de missiles mais là, on fatigue.

Trop convenue, cette suite n’ose pas surprendre. Le peu de nouveautés qu’elle propose, elle le pique timidement à Breath Of The Wild… sorti lui aussi en 2017 !! Souvenez-vous de cette époque bénie où, las d’explorer de vastes étendues où la nature reprend ses droits après une bataille perdue par l’humanité contre d’antiques machines – qu’on larde de flèches et de coups d’épée – on éteignait notre Switch pour lancer Zero Dawn… et explorions de vastes étendues où la nature reprend ses droits après une bataille perdue par l’humanité contre d’antiques machines… qu’on larde de flèches et de coups d’épée.

Link et Aloy, même combat !

N’ayant finalement jamais été un sandbox comme BotW avait su le (par)faire, le premier chapitre des aventures d’Aloy était tombé des mains de beaucoup de joueurs. À regret, tant l’aventure brillait sur le plan technique mais s’avérait moins libre, moins vivante et fatalement moins intéressante que le hit de Nintendo. Mais de là à débouler une demi-décennie plus tard pour nous proposer le même planeur/cerf volant que Link, faut pas pousser ! D’autant que les panoramas – malheureusement pour la plupart recyclés – flattent toujours la rétine malgré une technique encore trop ancrée dans la génération précédente. Il faut dire qu’en 2022, on commence à s’habituer au désert créatif (du moins du côté des AAA) imputable aux années Covid. Mais on n’est pas (que) là pour vous faire une critique détaillée du jeu. Place aux jouets !

Horizon, c’est surtout un blockbuster à aborder sans trop se prendre la tête. Libre à chacun d’aimer, surtout que la saga en devenir se dote tout de même de grosses bestioles mécaniques à démonter joyeusement avec notre arsenal explosif ! Et on aime ça non ? Les grosses bestioles qui pissent de l’huile ? Tellement qu’on avait déjà joué avec elles dans les années 80 ! Mais si, souvenez-vous !! Les Zoïds ! Si, comme le poisson, vous étiez « pas nés », laissez-nous vous faire un topo viteuf.

C’EST BIEN TROUVÉ, C’EST BIEN TOMY !

C’est en 1981 que la firme japonaise Tomy lance une nouvelle gamme de maquettes mécaniques à (re)monter soi-même : les Zoïds. Le concept est simple : chaque « jouet » (pourtant assez balèze à assembler pour un gamin habitué aux Gi-Joes) s’aborde comme une déclinaison robotique d’un animal, insecte ou dinosaure familier. Enfin ça, ce sera pour plus tard puisque les trois modèles proposés au Japon, où la marque se nomme encore Mechabonica, ne parviennent pas à convaincre nos amis nippons. Ni une ni deux, Tomy revend sa licence aux américains, qui relancent la série en grande pompe à la fin 1982 (quelle belle année). Et voilà que nos créatures mécaniques déferlent en Europe l’année suivante… et ressortent par la même occasion au Japon. Au jeu du marketing et du rebranding, on peut toujours compter sur les ricains, qui répondent à la question « Quoi de mieux qu’un T-Rex ? » en livrant un Tyrannosaure cybernétique surarmé de 30cm de haut !!

Comme les 2Be3, au départ, ils étaient trois...

Pouvant être vus comme une fusion réussie entre la marque Robotix et les mythiques Dinos Riders, les Zoïds – comme les Pokémon – arrivent en grand nombre dans les salons de milliers de gamins. Enfin… surtout dans les pattes de leurs parents, parce que le gamin, lui, il a pas la patience et préfère tout péter pour ruiner les beaux efforts de ses vieux. Déclinée en trois tailles (S, M et XL), la gamme compte près d’une cinquantaine de robots s’étalant, pour simplifier, sur trois grandes « familles » sorties sur une période allant de 1981 à 1988.

Vous reprendrez bien un peu de nostalgie…

La foire aux cyber-animaux va de l’alligator (Kroc) – repris à l’identique dans Horizon – aux insectes comme Scorpozoïd 📷 ou Tarantulon en passant par Mammouth le Destructeur (que l’on retrouve peu ou prou en statuette dans l’édition collector de Forbidden West). Divisés en deux clans, les rouges et les bleus, tous sans exception se dotent d’un vaste panel d’armes greffées à leur exosquelette. Il ne manque guère qu’une rouquine qui fait des roulades en guenilles pour se retrouver quarante ans après, une DualSense calée entre les pognes. Enfin ça, c’est sur le papier l’écran…

Oh le beau bestiau que voilà ! Attendez voir... j'ai déjà vu ça quelque part...
Mais ?! Non... ce doit être un hasard...

UN GOLGOTH PILOTÉ ? C’EST NOUVEAU ÇA !

Tenté de faire la bagarre avec vos Zoïds et la seule figurine Aloy, proposée par Totaku 📷 ? Niet ! Comme les jouets sont un sujet extrêmement sérieux, coupons court à tous délires et montrons-nous un minimum intransigeants : ça ne colle pas avec le lore. Car oui, à force de tisser (ça fait du bien de tisser un coup) ce parallèle entre les Zoïds et le AAA de Guerilla Games, on en aurait presque oublié que les créatures de Tomy sont bel et bien pilotées par des humains et que le sacro-saint background zoïdesque n’a finalement aucun point commun avec les zadistes de chez Sony. Loupé.

Quel design novateur !! Il fallait y penser !! C'est incroy... attendez...

Et, pour le coup, lesdits pilotes sont minuscules et absolument pas articulés. Comme un fonctionnaire, ils ne sont pensés que pour s’asseoir, position qu’il sera impossible de leur faire quitter, surtout avant 17h 16h 15h30 le temps d’un dernier café. Dommage de ne pas avoir prévu de petites figurines un minimum articulées façon Manta Force 📷 ce qui aurait favorisé les combats au sol.

OK, je crois qu'on se fout de nous là...

Mais c’est bien là le seul défaut – sur le plan du design – d’une gamme si bien pensée qu’elle a, sans l’ombre d’un doute, inspiré les artistes de Guerilla Games. Un hommage mérité, en somme, même si la ligne de jouets/maquettes est encore aujourd’hui produite au Japon pour les quelques aficionados qui subsistent… ce qui pourrait presque constituer un plagiat. Comme bien souvent, la frontière est ténue et nous préférons au final nous réjouir d’une telle « allusion ». Mais alors ? Ça vaut quoi un Zoïd aujourd’hui ? C’est vraiment si cool que ça ?

Gears (AND GUMMIES) of war

Bon, maintenant que vous avez intégré le fait qu’il va falloir se retrousser les manches pour contempler vos Zoïds dument assemblés – avec le même air satisfait et fier que la fois où vous aviez bricolé le berceau du gosse en seulement 14h et deux packs de 8-6 – il nous reste à voir comment sont foutues lesdites bestioles sur le plan anatomique/mécanique. Soit un astucieux assemblage de rouages, de plastique et de bouchons en caoutchouc. Ahhhhh ces satanés bouchons… Il faut comprendre que, pour maintenir chaque articulation, les ingénieurs de chez Tomy ont opté pour un système aussi simple qu’hautement résistant l’usure du temps : des petits cylindres creux et faits de gomme, qui s’emboîtent facilement sur les pièces mobiles pour garantir une rotation optimale. Quoi que… si ça se pose facilement, il faut bien avouer que ça se barre aussi tout seul une fois sur deux.

Nos meilleurs amis sont parfois aussi nos pires ennemis

À l’inverse des mécanismes à remonter (ou à pile pour les modèles M genre Red Horn le Terrible et XL comme Great Gorgon 📷), qui font figure d’increvables trésors d’horlogerie suisse, même 40 ans après. Cette durabilité à faire pâlir la Reine Elizabeth II est à prendre avec des pincettes (voir encadré « Conseils de collectionneur »). Même en ayant échappé à la corrosion sur les modèles à piles, il reste que certains caoutchoucs d’ornement poreux, comme ceux présents sur les roues du modèle Power Zoïd Tank 📷, sont plus sensibles à l’humidité des caves et greniers familiaux comparé à d’autres pièces. Cela ne concerne néanmoins que 2-3 modèles sur l’ensemble de la gamme.

On nous ment ! Les preuves sont là !

Les autocollants, en revanche, compliquent encore un peu plus la donne pour le collectionneur qui vise un aspect « OG mint », même sans boîte d’origine. Les autocollants, ça se paume, mais surtout ça se colle n’importe comment quand on a neuf ans. Reste à espérer que l’ancien propriétaire de votre future acquisition se soit concentré un minimum au moment de prendre l’odieuse liberté, il y a plus de trente ans, de coller VOS autocollants sur VOTRE magnifique Zoïd. Quel culot ! Sinon, vous être quittes pour tout décoller proprement, tout répertorier et tout recoller OKLM à l’aide d’un stick UHU.

Sample d'autocollants typiques de la gamme

Mais ces déconvenues ne seront rien face à la tristesse d’avoir passé quinze minutes (temps moyen d’assemblage d’un modèle S, easy-mode avec une main dans le slip) à monter une glorieuse… chenille robotique 📷, un timide escargot chromé ou un canard… de guerre 📷, certes, mais quand même. Hé ouais mon petit Kévin, tous les modèles de Zoïds n’ont pas le même quotient de swagance©. N’est pas Mighty Zoïdzilla 📷 – ou Krark le Prince des Ténèbres, grand modèle ailé faisant office de perle rare – qui veut. Reste que certains Zoïds aquatiques, équipés de flotteurs en polystyrène, peuvent parfaitement aller sur l’eau, comme la raie du maçon manta Z-Ray ou le bien nommé Aquazoïd de la première série, avec ses palmes qui font fap-fap.Une véritable dinguerie !

Deux exemples de Zoïds qui flottent (et font fap-fap)

THE WILD HUNT

Comme tout ce qui a émergé des années 80, les prix ont bien flambé ces dernières années. Comptez une trentaine d’euros pour un exemplaire de petite taille en loose, voir le double si le modèle convoité compte parmi les plus prisés. Le problème étant surtout qu’avec la masse de petites pièces à assembler, trouver un exemplaire complet sans boîte relève de la gageure ultime. Ce problème, indifférent de la taille du bestiau, est une constante avec les Zoïds. Pour les plus fortunés, le célèbre maquettiste japonais Kotobukiya a ressorti les modèles les plus emblématiques de la licence, modifiant au passage certains coloris et postures pour un résultat aussi magnifique qu’onéreux… surtout pour un truc à monter soi-même (c’est une question de principe, non mais oh !).

Ne sont-ils pas magnifiques ? Le plus beau restant que cette image ne fait pas mention du prix des bestiaux...

Établir une estimation-type s’avère donc pour le moins périlleux dans le cas des Zoïds, exercice grandement compliqué par la myriade de modèles de petite taille. C’est déjà plus facile pour les grands, qui vont grosso modo de 100 € à 200 € selon la rareté du modèle. Il est même assez courant de croiser des modèles XL en boîte d’origine aux alentours de 120 €, notamment parce que les premières séries furent largement distribuées en Europe à quelque exclusivités près, comme la variante Double-Sworder de notre Scarab ou encore Twinhorn Mammoth, un pachyderme modèle réduit. Dans tous les cas, le collectionneur averti aura besoin de s’armer de pognon patience et de courage s’il espère éplucher rigoureusement les méandres du catalogue sur Le Bon Coin ou Ebay. Voilà, c’est à vous de jouer maintenant. Bon courage pour le full-set, on se revoit en 2030.

Une collection qui laisse rêveur...
... et des prix du bon vieux temps, loin de toute spéculation maladive

CONSEILS DE COLLECTIONNEUR

Gare aux modèles qui marchent à piles : il y a fort à parier que les accus d’origine sont restés à leur place et ont coulé, ce qui a dû corroder ou même totalement dissoudre les contacteurs. Bref, demandez des photos avant de commander aveuglément, surtout que certains modèles nécessitent deux sets de piles différents (et deux pilotes), comme Zoïdzilla qui embarque 2 piles LR6 dans son sac à dos et 2 grosses LR-14 dans son abdomen. Il faudra bien ça pour lui faire rougir les joues et avancer d’un pas hésitant comme tonton Pascal au sortir de table un 25 décembre.

Il existe des modèles exclusifs selon les pays. Pour les identifier et mettre plus facilement la main dessus, sachez qu’il existe trois « indicatifs » associés aux Zoïds selon leur provenance. OJR pour le Japon, OAR pour les USA et OER pour l’Europe. La couleur de certains modèles change également selon le pays, comme Zabre, le tigre à dents de… zabre, qui devient rouge sur l’archipel nippon alors qu’il est bleu – enfin surtout noir – partout ailleurs.

Trouvez impérativement la notice d’assemblage. Pas tant pour être certain de monter le merdier correctement, mais surtout pour avoir un inventaire précis de chaque pièce qui compose ledit merdier (aussi appelé, par correction, modèle ou bestiau). Un joyeux bordel, surtout si vous visez le 100% complet. Il vous faudra ainsi écumer rigoureusement chaque annonce sur les sites d’enchères pour finalement reconstituer, une pièce après l’autre, votre Zoïd de prédilection façon Éditions Altaya.

Bonus TL;DR

On se quitte avec quelques Zoïds accompagnés de leurs pilotes et/ou de leurs notices…

… mais aussi avec cet étonnant cross-over chez Marvel, sous la plume d’un Grant Morrison en début de carrière

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Cogitations

Les gros problèmes de LEGO City

Une journée paisible à LEGO City commence.

Le titre de l’article est putaclic

Le magazine LEGO Life est un trimestriel disponible gratuitement pour les enfants et est le pendant papier de l’application du même nom. C’est un outil de marketing de contenu – et de contenu de marque – destiné aux enfants. Pour résumer, c’est la version moderne du catalogue LEGO en plus ludique et éditorialisé. Contrairement aux périodiques disponibles chez les marchands de journaux, le magazine LEGO Life est gratuit. Et, selon l’adage, si c’est gratuit, vous êtes le produit. 

Nous y retrouvons naturellement les derniers ensembles de la marque. Néanmoins, ils sont présentés de façon moins frontale : pas de prix, de noms ou de références. En outre, ils sont agrémentés de nombreux jeux, BD et articles à la gloire de LEGO. En somme, c’est la Pravda jeunesse dont le but est d’augmenter l’exposition de la marmaille aux produits et donc de casser les pieds des parents pour qu’ils les achètent. Bref, que les enfants prescripteurs influencent les décisions d’achat des parents. 

Le magazine LEGO Life, ce n'est pas de la propagande, c'est une opération d'information spéciale. Gloire à LEGO!

La vérité est ailleurs

Intéressons-nous à ces fameux jeux qui servent d’enrobage aux dernières nouveautés de la marque. Plus précisément à l’appel à l’action proposée par un jeu spécifique. Résumons. Une pleine page dessinée rassemble les nouveautés LEGO City à travers des mises en situation pour le moins loufoques. Dans un encart en bas de page, le Dr Spetzel (sic) nous interroge sur les événements surprenants susceptibles de se produire à LEGO City. Sur la base de ce qui nous est donné à voir, il nous invite à une relation épistolaire afin de partager le fruit de nos réflexions. 

Contrairement à ce que suggère ma prose ampoulée, ce jeu est simple et incite à la créativité des enfants. Malheureusement, nous rencontrons ici un problème philosophique intrinsèque à l’oikeiopragia de LEGO City. Platon, dans La République, propose ce principe d’adéquation de l’individu et de la tâche. Chacun doit s’occuper de ce pour quoi il a un talent naturel – faire ses propres affaires ne signifie plus faire pour soi-même mais faire ce que l’on est soi-même le plus apte à faire. 

LEGO Life Magazine JAN. - FÉV. 2022. Une page qui restera dans les annales.

Les minifigs naissent libres et LEGO…

En effet, dans LEGO City, chacun est à sa place et ne varie pas du rôle qui lui est attribué. Il n’y a aucune mobilité sociale et chaque personnage est la caricature de sa propre fonction. Ainsi, il ne peut évoluer dans cette dernière qu’avec une marge de manœuvre réduite, ne laissant que peu de place à l’improvisation. L’individu est prisonnier de sa mission, derrière laquelle s’efface sa personnalité. Le policier police, le voleur vole et le tankiste t’enc… le médecin ausculte.

« Ça fera $37. – GÉNIAL! »

D’ailleurs, cette fonction est gravée dans leurs chairs, ou plutôt imprimée sur leur torse, voire leurs visages. L’exemple le plus frappant est la figure du voleur. Il ne peut se défaire de son masque tatoué et sa seule raison d’être est de justifier l’infrastructure policière. Sans lui, aucune prison ne verrait le jour. Il est sur la ligne de crête : son infraction doit être délictueuse pour justifier une incarcération, mais ne doit pas dépasser la ligne rouge du crime, impensable dans un jouet destiné aux enfants. Pas de meurtre dans l’utopie joyeuse de LEGO City.

"La seule prison est celle qu'on a dans la tête" dit l'écureuil. "Et retire ce masque idiot" ajouta-t-il.

…Mais certains sont plus LEGO que d’autres

Nous pouvons appliquer cette logique à d’autres infrastructures de la cité. L’hôpital, par exemple, ne comporte qu’un IRM, une maternité et une salle de jeux pour les enfants. Pas de bloc opératoire, ni de soins intensifs et encore moins de service de réanimation. À LEGO City, il ne fait pas bon d’avoir son pronostic vital engagé. Ici, les infirmiers sont remplacés par un clown (à moins qu’il ne s’agisse du directeur de l’établissement). Là encore, civière et ambulance trouvent leur légitimation avec le personnage du cascadeur, lui aussi prisonnier de son rôle d’éternel accidenté. Malheur à lui en cas d’hémorragie interne.

Quoi ? Tout n’est pas super génial ? On m’aurait menti ??

Dès lors, l’intitulé du jeu est déstabilisant. Comment imaginer des événements surprenants alors que les règles intrinsèques de la ville LEGO empêchent par essence toute forme de transgression ? Les habitants jouent leur rôle dans une enfilade de poncifs et semblent totalement hermétiques aux inférences abductives, c’est-à-dire d’avoir un raisonnement qui établit une cause la plus vraisemblable à un fait observé. Umberto Eco appelait ce procédé la « méthode du détective ».

La liberté c’est l’esclavage

Derp par jaysbrickblog.com

Par conséquent, nous assistons à des scènes improbables dont les causes ne viennent pas d’une quelconque bêtise de la part des habitants. Prenons l’exemple de la policière : elle possède une voiture de fonction permettant de larguer des chausse-trappes afin d’établir des barrages filtrants. Sans surprise, elle remplit à merveille cette fonction qui lui est attribuée. Mais son expertise, son raisonnement et son libre-arbitre s’arrêtent là. 

Effectivement, plutôt que de poursuivre logiquement son action, à savoir un contrôle d’identité, une interpellation, demander des renforts, son script s’arrête abruptement et se contente de commander une glace aux voleurs. Pire, son incapacité à se détacher du mandat qui lui est conféré la condamne à échouer cette interaction basique. Sinon, comment expliquer qu’elle commande un sorbet parfum vanille, chocolat et brocoli ?

L’ignorance, c’est la force

Dans ces conditions, LEGO City partage de nombreuses similitudes avec le monde de Westworld. En somme, un parc d’attractions où les conséquences n’ont aucune répercussion sur les événements et les enjeux de causalité suivent un script invisible au premier abord, et ce, afin de cadrer l’expérience de jeu. Les protagonistes ignorent les règles qui régissent leur monde et qu’importent les éléments perturbateurs, tout sera reconstruit à l’identique le lendemain. 

Pour conclure, revenons à notre cher Dr Spetzel qui nous invite à la délation auprès de Max afin de lui dire quel type d’événements surprenants pourraient se produire à LEGO City. Il serait plus juste de demander quels résultats surprenants pourraient ne pas se produire dans une ville où l’effacement de l’individu derrière sa fonction est à son paroxysme jusqu’à l’absurde. Mieux, pourquoi la société ne s’est-elle pas déjà effondrée à LEGO City ?

Ces gens n'ont pas conscience d'être cons et remplissent leur rôle à la perfection.